Californien d’origine, New Yorkais d’adoption, Donny McCaslin est un saxophoniste de jazz respecté. Plusieurs fois à Montréal, on a entendu cet excellent artiste, il a d’ailleurs tissé des liens durables avec des musiciens d’ici.

On sait également que sa vie artistique connut un tournant majeur lorsqu’il fut recommandé à feu David Bowie par la maestria et compositrice Maria Schneider, qui devait réaliser l’ultime album du chanteur. McCaslin devint finalement le directeur musical du fantastique Blackstar, aurez-vous deviné que sa vie en fut profondément bouleversée.

Deux albums de son cru ont été créés depuis lors, et l’empreinte rock y est plus que remarquable. Lancé l’an dernier à la suite de Beyond Now (2016), Blow comporte des pièces instrumentales gorgées de testostérone, certaines sont chantées. De manière générale, l’approche y est musclée, corrosive, massive. À l’évidence, McCaslin et ses collègues ont choisi de vibrer au confluent de l’art rock et du jazz contemporain.

Samedi soir au Gesù, nous avons pu plonger une seconde fois dans ce cycle post-Bowie de Donny McCaslin, venu en quintette-Jason Lindner, claviers, Zach Danziger, batterie, Tim Lefebvre, basse, Ryan Dahle, guitare et chant.

C’était l’occasion de nous immerger dans ce répertoire (quelques inédites en prime), faire face à ce maelström, chaos organisé d’avant-rock, d’électro et de jazz.

On aura traversé des moments d’extase, d’exaltation, de pure jouissance, et aussi de perplexité. La zone investie n’est pas sans danger, il faut dire : la forme rock n’est pas toujours parfaitement assortie au jeu de jazzmen, aussi innovants et rock souhaitent-ils être. Des pièges doivent et devront être évités… et c’est la beauté du risque encouru.