Avec la présentation d’un premier événement satellite à Verdun cet été, le Festival international de jazz de Montréal nourrit de grandes ambitions… locales. Sa direction veut, pas à pas, créer un réseau de plus petits événements disséminés dans différents quartiers de la ville, qui favoriserait la circulation des artistes et des publics.

« On ne veut pas brûler d’étape », avertit toutefois Laurent Saulnier, vice-président programmation et production du FIJM. Toute l’attention de l’équipe se concentre d’abord sur le développement du premier site satellite, situé à l’angle des rues Wellington et Galt, et de son identité, qui passe entre autres par les musiciens du quartier : Susie Arioli, Clay & Friends et le groupe Sesquialtera, notamment.

Comme pour le « grand » Festival de jazz, la programmation de Verdun — 100 % extérieure et gratuite — passe du jazz (Yaron Herman Trio, Gentiane MG Trio) au rock (Suuns) et fait la part belle aux musiques d’Afrique (Mdou Moctar, Blick Bassy) et d’Amérique du Sud (Silibrina, Newen Afrobeat). Les programmateurs Maurin Auxéméry et Laurent Saulnier attirent notamment l’attention sur Cha Wa (funk indien de La Nouvelle-Orléans), Devon Gilfillian (dans la lignée de Ben Harper) et le Golden Dawn Arkestra (groove cinématographique et… intergalactique).

Toujours urbain

Les organisateurs ont voulu conserver la facture urbaine de l’événement original en s’installant dans la rue, en plein cœur de l’arrondissement et à proximité d’une station de métro. « À Verdun, la station de métro [NDLR : De l’Église] est sur le site, comme c’est le cas dans le Quartier des spectacles », souligne Laurent Saulnier. Le muraliste Éric Santerre, aussi habitant de Verdun, dirigera la création d’une œuvre collective. « L’idée, poursuit le programmateur, c’était qu’il y ait une collaboration artistique du quartier et pas que des musiciens. »

Ce pas à l’extérieur du centre-ville, où le FIJM est installé depuis des décennies, est le premier d’un plan qui, à terme, pourrait mener à la création d’une demi-douzaine d’événements satellites. En plus de faire bouger les Montréalais et les touristes vers des quartiers périphériques, ce réseau permettrait aux programmateurs de proposer à des artistes étrangers de faire une minitournée montréalaise.

Quel serait l’impact sur le site principal ? « La place des Festivals, côté ouest, et le parterre symphonique, côté est, sont des espaces conçus pour recevoir de grandes foules, fait valoir Laurent Saulnier. Peut-être — et j’insiste, peut-être — que le site du Quartier des spectacles sera, à terme, celui des grands rassemblements. Peut-être qu’on va laisser les satellites dans un esprit plus communautaire, plus intime. »

Rien n’est coulé dans le béton pour l’ouverture d’un deuxième événement parallèle, qui pourrait toutefois avoir lieu dès l’an prochain. Aucun lieu n’est arrêté, mais on remarque que les noms des arrondissements de Rosemont et de Côte-des-Neiges ont été cités en exemple par le vice-président programmation et production du FIJM.