Sur papier, Metro Metro avait beaucoup pour plaire : un festival hip-hop d’envergure, un site intéressant et des superstars à l’affiche. Si presque tout s’est passé comme prévu, la première édition de l’évènement n’a pas échappé à quelques accrocs. Alors que le festival touchait à sa fin, hier, le bilan était positif. Mis à part « certains pépins », l’équipe d’organisation du festival était satisfaite de son tour d’essai. Les festivaliers aussi.

Rich the Kid se dirigeait d’un pas rapide vers la scène principale du festival Metro Metro escorté par des gardes de sécurité. Alors que le rappeur arrivait sur l’Esplanade du Parc olympique, DJ Whoo Kid en sortait et s’engouffrait dans le Stade. Il était 18 h, hier, son set venait de se terminer, et l’exaltation se lisait sur son visage.

Une employée du festival, qui assurait les déplacements des artistes, vérifiait que seules les personnes autorisées accompagnaient Whoo Kid à l’intérieur. Elle lançait des instructions à l’un des colosses à la porte : « Lui, en rouge, oui. L’autre, je ne le connais pas, c’est non. »

Whoo Kid et les siens se rendaient à leur loge, au sous-sol du Stade olympique. Rich the Kid montait alors sur la grande scène, où il a donné son spectacle sous une vive averse.

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Cardi B a été le point culminant de la première journée
du festival Metro Metro, sinon du week-end.

La même danse millimétrée s’est répétée toute la fin de semaine. Une quarantaine d’artistes ont joué sur l’Esplanade, ce week-end. Les allées et venues étaient réglées au quart de tour : l’arrivée des artistes au Stade (le terrain des Alouettes avait été converti en stationnement pour voitures de luxe), le déplacement jusqu’aux loges (seuls les plus gros noms en avaient une), la montée sur scène. Et tout le trajet de retour. Il fallait aussi s’assurer de répondre à tous les besoins des artistes durant leur passage. 

L’équipe d’organisation du festival ne veut rien laisser au hasard. « C’est beaucoup de travail, on s’assure d’avoir tout en place pour que ça se déroule parfaitement », dit Nicolas Archambault, directeur du marketing du festival Metro Metro. Des dizaines d’employés se démènent depuis samedi midi.

Les caprices de la programmation 

Mais, en fin d’après-midi samedi, un premier pépin est survenu : le rappeur new-yorkais Waka Flocka Flame semblait se plaindre sur scène d’un problème de son. Il a finalement coupé court à sa performance.

Le volume de la musique n’a jamais dépassé un certain seuil durant les numéros.

« On a un nombre de décibels à ne pas dépasser. On ne veut pas déranger les gens qui vivent autour. » — Nicolas Archambault, directeur du marketing du festival Metro Metro

Un problème survenant rarement seul, l’artiste qui devait prendre le relais de Waka Flocka Flame sur la scène principale, l’Américain Rich the Kid, n’était toujours pas arrivé. Un vide d’une heure et demie s’est dessiné dans la programmation de la première scène. Sur les réseaux sociaux, des festivaliers ont exprimé leur déception face aux caprices de la programmation. Ceux que La Presse a rencontrés sur les lieux n’ont pas semblé faire cas du contretemps.

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Zach Zoya

Les organisateurs ont réagi à brûle-pourpoint. Le rap montréalais est venu à la rescousse : Zach Zoya, qui venait de passer sur la petite scène, a donné une deuxième représentation ; Lost a été promu à la scène principale, en attendant le tour d’ASAP Ferg. 

À l’arrivée de ce dernier, on a annoncé que les Québécois Alaclair Ensemble se retiraient de la programmation pour que Rich the Kid, toujours en retard, joue sur la deuxième scène, en soirée.

« On a préféré ne pas jouer. Moi-même, je n’irais pas nous voir s’il y a Cardi B sur l’autre scène ! » — Eman, d’Alaclair Ensemble

Le jeune Rich the Kid n’est jamais venu samedi. Hier, Gashi a été éjecté de la programmation à son tour. Sur les réseaux sociaux, il a laissé entendre que des problèmes à la douane ont causé l’annulation.

À sa place, Rich the Kid a été remis à l’affiche pour la troisième fois. Cette fois, le spectacle a bel et bien eu lieu.

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Lost

Des spectacles de qualité

Les quelques retards et annulations ont été la principale source de désagréments de la fin de semaine. La grande victoire de Metro Metro a tout de même été sa programmation.

Les artistes québécois, en après-midi, ont fait bien plus que mettre la table pour les vedettes internationales. Fouki, Zach Zoya, Laurence Nerbonne, Lost, Dead Obies, Tyzo, Rymz et compagnie ont fait honneur à la scène locale.

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Snoop Dog

Les monuments Snoop Dogg, Ludacris, DJ Whoo Kid et Sean Paul ont donné du prestige à l’évènement et ressorti des classiques de leurs répertoires, qui ont trouvé preneur auprès du jeune public du festival.

Le parterre comble de la grande scène s’est délecté de la présence des idoles de l’heure Rich the Kid, ASAP Ferg, Juice WRLD, Future et Tyga. Ce dernier a mis le feu à l’Esplanade, hier. Cardi B a quant à elle été le point culminant de la première journée, sinon du week-end.

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Olivier Primeau, fondateur de Metro Metro

Les organisateurs satisfaits

Mère Nature a finalement été plutôt clémente. Mis à part une brève averse hier, les festivaliers sont restés au sec. « C’est vraiment risqué de faire un tel évènement à la mi-mai », a admis le fondateur du festival, Olivier Primeau.

Les nuages n’ont pas réussi à assombrir l’humeur des festivaliers. Au pays du sac banane en bandoulière (accessoire incontournable cette saison), on n’a que faire de la pluie ou du vent quand les Dead Obies, Snoop Dogg, Cardi B, Future et Tyga défilent sur scène.

L’Esplanade du Parc olympique s’est avérée le terrain parfait pour accueillir l’essaim de festivaliers avides de rythmes effrénés. Sa fondation tout en béton – « on ne fait pas plus urbain », nous dit Olivier Primeau – traduisait l’intention du festival hip-hop. Et l’espace n’a pas manqué pour que les invités circulent et profitent de leur journée sans être entassés. Près de 20 000 festivaliers ont assisté à l’évènement chaque jour.

L’organisation a mis les bouchées doubles pour un aménagement digne des grandes ligues. 

Et malgré les anicroches, la fête a primé à Metro Metro. « À part certains pépins, tout s’est super bien passé », a assuré Nicolas Archambault, en soirée hier.

Les organisateurs du Beachclub n’en étaient qu’à leur premier essai. Pour l’ambitieux Olivier Primeau, il s’agit de la première de nombreuses éditions de Metro Metro. « C’est un investissement, une vision à long terme, a-t-il affirmé. On se voit dans les parages pour les 20 prochaines années au moins. »