Avec la tournée All These Poses, Rufus Wainwright célèbre le 20e anniversaire de son premier album, qui l’a révélé au monde entier. « Je célèbre les débuts de ma carrière et, de cette façon, je peux désormais l’oublier et continuer ! », lance le chanteur en entrevue. En attendant l’acte deux qui, promet-il, sera « très original et différent », Rufus Wainwright nous raconte les différents moments de sa vie à travers les costumes de scène de ce spectacle dont la direction artistique a été confiée à Thierry-Maxime Loriot.

Rufus le dandy

PHOTO BEN HOUDIJK, FOURNIE PAR L'ARTISTE

« Dans un décor qui représente Montréal, j’apparais tel un dandy romantique avec une vision un peu naïve du monde. C’est un personnage qui a des rêves et des aspirations. Il croit qu’il va conquérir le monde et il porte un costume rayé avec un chapeau haut de forme qui rappelle un peu les costumes de cirque ! J’ai commencé ma carrière comme dandy, puis j’ai eu une période très rock star, car je chantais dans de grands festivals. J’ai traversé des moments plus orageux, mais j’aime bien revenir à mes racines de dandy. J’écris des opéras, j’aime la musique classique et je porte des capes et des écharpes, alors oui, je suis un dandy. »

Rufus version paillettes

PHOTO BEN HOUDIJK, FOURNIE PAR L'ARTISTE

« Le concert avance et, comme il fait chaud, j’enlève ma veste et on découvre un haut sans manches pailleté [NDLR : créé par Thierry-Maxime Loriot, aussi commissaire de l’exposition Thierry Mugler : Couturissime, au Musée des beaux-arts de Montréal]. On me découvre plus mature physiquement. Quand on est jeune, on est sexuellement très attirant, on a ce pouvoir incroyable, et la vie passe… C’est une allégorie, car j’ai 45 ans et, quand on regarde mes bras, on voit que je ne m’entraîne pas au gym ! Je termine la première partie du concert sur une note plus sérieuse avec la chanson Sword of Damocles, qui est un hymne politique. C’est important pour moi de m’impliquer socialement, car nous traversons une période extrêmement difficile au point de vue politique et il faut rester vigilant. »

Le vagabond

PHOTO BEN HOUDIJK, FOURNIE PAR L'ARTISTE

« Dans la seconde partie [du spectacle], quelques années plus tard, je suis à New York, je deviens un genre de vagabond, qui erre, qui est très marqué par la vie, mais qui en apprécie chaque minute. Disons que c’est une vision optimiste de cette période. Je porte une veste incroyable composée de boutons et de cristaux Swarovski, créée par Viktor & Rolf, des créateurs de haute couture qui sont des amis proches de mon mari et moi. Ils m’ont offert cette veste et c’est très généreux de leur part. »

La décadence

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« Quand j’enlève la veste, je porte une cape noire avec des plumes créée par Thierry-Maxime Loriot. Ça représente cette période noire et orageuse de ma vie où je me suis beaucoup amusé. Je n’y changerais rien, mais je dois dire que j’ai vraiment flirté avec la mort [NDLR : en sombrant dans la drogue]. C’est vers 27-28 ans, [un âge] où on se dit : est-ce que je termine comme Kurt Cobain ou comme moi ? Cette cape représente la réalité de cette décadence, où j’aurais pu y laisser ma peau. »

La cape

PHOTO BEN HOUDIJK, FOURNIE PAR L'ARTISTE

« Je termine le concert avec le Rufus d’aujourd’hui. Lors des représentations à Londres, je portais cette immense cape en tulle de Viktor & Rolf. On dirait que je suis un iceberg. C’était incroyable, car, dans les rues de Londres, il y avait une manifestation pour l’environnement, alors j’ai eu l’impression de soutenir les manifestants avec ma cape de style “iceberg” ou “glacier” ! Je ne veux pas vous dévoiler de secret, car il y aura un costume-surprise pour le spectacle de Montréal. Un peu comme Diane Dufresne, on va faire quelque chose de surprenant ! »

La vie

PHOTO BEN HOUDIJK, FOURNIE PAR L'ARTISTE

« Aujourd’hui, je suis très fier du “jeune garçon” que j’étais qui a écrit toutes ces chansons de différents styles. À 45 ans, j’estime que je suis allé dans les profondeurs de l’expérience humaine. On le ressent dans ma voix et je dois dire que ça me satisfait beaucoup de pouvoir chanter de cette façon et de durer. J’aime aussi rendre les gens heureux. J’ai 45 ans, je suis marié, j’ai une fille, et je me rends vraiment compte de la chance que j’ai. La génération juste avant moi a connu beaucoup de gens qui sont morts du sida, et elle a grandi hantée par la mort. »

Un album pop

« J’ai déjà enregistré mon prochain album qui sortira l’an prochain. Ce sera un album pop. Un de mes objectifs est d’en faire [éventuellement] un en français, je ne manque pas d’inspiration ! Je n’ai pas le choix de durer ! J’ai cette grande motivation en moi de faire le meilleur, artistiquement parlant. C’est bien de ne pas avoir trop de succès, car, de cette façon, je ne peux pas prendre ma retraite tout de suite et porter des capes toute la journée ! »

Rufus Wainwright sera au Grand Théâtre de Québec le 21 mai et à la Place des Arts le 22 mai