Au-delà des formes dérivées de la chanson, l'écoute passionnée de la musique implique aujourd'hui un très vaste corpus: musique classique, musique contemporaine, opéra, musiques électroacoustique ou électronique, jazz, et plus encore. La rubrique Mélomanie fait un survol de l'actualité dans le domaine, deux fois par mois.

Montréal en lumière... et en jazz

Outre l'offre « normale » à laquelle ils ont droit, les mélomanes doivent accorder de l'attention aux volets classique, contemporain et jazz du festival Montréal en lumière. Côté jazz, la chanteuse montréalaise (d'origine haïtienne) Nadia Theobal présente Misunderstood : A Nina Simone Celebration le 22 février au Balcon. Le 22 février également, MISC actualise le concept du trio acoustique au Centre Phi. Le 23 février, l'excellent chanteur afro-américain Gregory Porter se produit à la Maison symphonique, alors qu'au Gesù, Karen Young et Coral Egan offrent un programme mère-fille. Le 28 février à la salle Tanna-Schulich, l'Orchestre de jazz de McGill rendra hommage au légendaire tandem compositionnel que formaient Duke Ellington et Billy Strayhorn. Le 1er mars à la salle Bourgie, l'excellent trompettiste Jacques Kuba Séguin jouera les pièces de L'élévation du point de chute, dernier opus de son sextuor. Le même soir au Théâtre Outremont, Andrea Lindsay se mettra au jazz et à la java. Très appréciée des Montréalais, la chanteuse américaine Stacey Kent montera le 3 mars sur la scène du Théâtre Maisonneuve afin d'y interpréter (entre autres) le répertoire d'un album à paraître.

... et en classique/contemporain

Côté baroque, classique ou contemporain, les Cantates BWV 85, 163, 179 et 202 de Johann Sebastian Bach seront interprétées par l'Ensemble Stradivaria et Daniel Cuiller à la direction et au violon, à la salle Bourgie samedi et dimanche. Sous la direction du contre-ténor Daniel Taylor, le Theatre of Early Music présentera le répertoire fabuleux de l'album The Path to Paradise, dimanche à la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours. Le 1er mars au Centre Phi, le collectif Kohlenstoff réunira des créateurs sonores venus de partout, et qui ratissent des territoires inédits. Le même jour, une Matinée baroque est prévue à la salle Bourgie : on y découvrira le pardessus de viole à travers des oeuvres interprétées par Mélisande Corriveau et Eric Milnes. Le 2 mars, le violoncelliste Rafael Rosenfeld brillera à la salle Pollack, pendant que la harpiste Jennifer Swartz et des musiciens de l'OSM interpréteront à la salle Bourgie quelques joyaux de la musique de chambre française du début du XXe siècle.

Photo fournie par Spectra

L'Ensemble Stradivaria

Mozart, Beethoven et Vivier à l'OSM

Le maestro néerlandais Edo De Waart dirige l'OSM cette semaine. Directeur musical de l'Orchestre symphonique de la Nouvelle-Zélande, le septuagénaire occupe aussi le poste de chef lauréat de l'Antwerp Symphony Orchestra, de l'Orchestre philharmonique de la Radio néerlandaise et de l'Orchestre symphonique de Milwaukee. Le programme démarrera avec une oeuvre du grand compositeur québécois Claude Vivier (1948-1983), Zipangu, pour orchestre à cordes, imaginée en 1980. Le Concerto pour piano no 1 en do majeur, op.15, de Ludwig Van Beethoven (1770-1827), impliquera le soliste allemand Christian Zacharias, 67 ans, dont on loue la minutie et la clarté des interprétations. Pour la seconde partie du programme, l'OSM exécutera la Symphonie no 40 en sol mineur, K. 550 de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791), composée en 1788.

À la Maison symphonique ce soir, 20 h, samedi, 20 h, et dimanche, 14 h 30

Photo fournie par la Koelner Philharmonie

Christian Zacharias

Medtner, Tchaïkovski, Salov, Nézet-Séguin

Soliste en résidence de l'OM, le pianiste Serhiy Salov exécutera le Concerto pour piano n° 1 op. 33, de Nikolaï Medtner. On devine que le virtuose d'origine ukrainienne, établi au Canada depuis 2007, fréquente le répertoire russe depuis qu'il touche les ivoires. Alors ? Sa formation parallèle en composition et en musicologie lui permet de mieux plonger dans l'oeuvre de Nikolaï Karlovitch Medtner (1880-1951). On sait que ce dernier était un proche de Rachmaninov, romantique après le romantisme, comme il le fut également (sinon davantage). De retour à Montréal pour la première fois en 2018, le maestro Yannick Nézet-Séguin dirigera aussi la Symphonie no 4 en fa mineur, op. 36, de Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893), dite Symphonie du destin. Répartie en quatre mouvements, l'oeuvre fut composée par le Russe entre 1877 et 1878.

À la Maison symphonique le 2 mars, 19 h 30 (presque complet) ; à Rivière-des-Prairies le 3 mars, 19 h 30 ; à la salle Marguerite-Bourgeoys du Collège Regina Assumpta le 4 mars, 15 h (complet)

L'OM et la «passion Mozart»

Le maestro italien Daniele Callegari assurera la direction de l'Orchestre Métropolitain pour ce programme construit autour de l'immense Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791). À l'occasion du bicentenaire de sa naissance, Frank Martin (1890-1974) avait composé son Ouverture en hommage à Mozart ; son intention était de s'inspirer de l'idiome musical mozartien et non d'en pasticher le génie. Dans ce même esprit de l'évocation, la Mozartiana de Tchaïkovski renvoie au classicisme de Mozart tout en maintenant les élans romantiques propres au compositeur russe. De Wolfgang Amadeus lui-même, le programme de l'OM prévoit l'exécution de la Symphonie concertante pour violon (Yukari Cousineau), alto (Marina Thibeault) et orchestre en mi bémol majeur K. 364/320, écrite à la fin des années 1770, ainsi que la Symphonie no 35 en ré majeur. KV 385, dite Haffner, composée en 1782, et donc au milieu de la vingtaine !

À Saint-Laurent le 21 février, 19 h 30 ; à la Maison symphonique le 22 février, 19 h 30 ; à Pierrefonds-Roxboro le 23 février, 19 h 30

Forces montantes à l'OSM

Avis à quiconque croit encore que la musique symphonique relève de la gérontologie : le programme de l'OSM met en relief deux surdoués de la génération montante. En 2012, le jeune maestro français Lionel Bringuier devenait le directeur musical de l'Orchestre Tonhalle de Zurich. Aujourd'hui âgé de 31 ans, il a été chef associé au Los Angeles Philharmonic, chef invité au Chicago Symphony, au New York Philharmonic, au Cleveland Orchestra et au Chicago Symphony. Avec l'OSM, il dirigera Une nuit sur le mont Chauve, composée en 1867 par Modeste Moussorgski (1839-1881), Métaboles, écrite en 1963-1964 par Henri Dutilleux, et L'oiseau de feu, suite (1919), oeuvre très connue d'Igor Stravinsky, composée pour les Ballets russes sur une chorégraphie de Michel Fokine. Quant au pianiste Jan Lisiecki, il est né de parents polonais au Canada en 1995. Dès l'adolescence, il a investi les grandes ligues de la musique classique, tant en Europe qu'en Amérique. Frédéric Chopin, dont il interprétera le Concerto pour piano no 2 en fa mineur, op. 21, est parmi les compositeurs qui l'ont fait briller.

À la Maison symphonique le 6 mars, 20 h, et le 8 mars, 10 h 30 et 20 h

Haydn et Handel, pour solistes, choeur et orchestre

Les Violons du Roy et La Chapelle de Québec présenteront deux chefs-d'oeuvre de la musique pour choeur : Ode for St. Cecilia's Day, HWV 76, de Georg Friedrich Handel, ainsi que la Messe en si bémol majeur Hob. XXII : 10, Heiligmesse, de Joseph Haydn. Quelque part entre la cantate et l'oratorio, cette oeuvre de Handel comprend de splendides arias solistes et du merveilleux chant choral. Elle fut composée en 1739 à partir d'un poème de l'Anglais John Dryden, lui-même inspiré de sainte Cécile, la patronne des musiciens. Quant à la Messe de Haydn, elle fut écrite en 1796 pour la fête de saint Bernard d'Offida par le compositeur allemand, au retour d'un séjour en Angleterre. Le brillantissime (et miraculé) Bernard Labadie dirigera ce programme impliquant quatre solistes : la soprano Lydia Teuscher, la mezzo-soprano Allyson McHardy, le ténor James Gilchrist et le baryton Tyler Duncan. À noter que medici.tv enregistrera ce concert et le diffusera sur le web pendant 90 jours sur sa plateforme en ligne.

Au Palais Montcalm de Québec, les 28 février et 1er mars, 20 h ; à la Maison symphonique le 3 mars, 19 h 30