Les têtes d'affiche de la chanson d'ici seront célébrées dimanche soir à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. La Presse a sondé six artistes en lice dans les catégories principales du Gala de l'ADISQ sur leurs moments forts de l'année et les enjeux de l'industrie.

Mélanie et Stéphanie Boulay: trois sélections, dont groupe ou duo de l'année

LE MOMENT MUSICAL DE LEUR ANNÉE

« Nous avons écrit une chanson pour les Journées de la culture, on l'a chantée dans les écoles, aussi à Petite-Vallée, avec un mur d'enfants derrière nous ! Cette chanson nous a emmenées dans des zones, ça éloigne le cynisme. »

SUR LE SYSTÈME DE REDEVANCE SUR L'ÉCOUTE EN CONTINU

« C'est n'importe quoi. On est pour le streaming, mais il faut que les gouvernements légifèrent. Si l'internet est populaire, c'est entre autres parce que les gens consomment leur musique par le streaming. Leur facture augmente, mais l'argent va dans les poches des distributeurs. »

SUR LA PLACE DES FEMMES DANS L'INDUSTRIE

« Il y a comme un entonnoir entre l'école et le milieu professionnel pour les filles. Ce n'est pas normal qu'en 25 ans, le Félix du spectacle de l'année n'ait été gagné que deux fois par des femmes, Marie Carmen et Marie Mai. Il faut se défaire de certains préjugés et mécanismes - même nous, comme musiciennes ! »

Daniel Bélanger: 11 sélections, dont chanson de l'année et interprète masculin de l'année



LE MOMENT MUSICAL DE SON ANNÉE

 

« La première du spectacle Paloma au Métropolis en mars. Les deux soirs, en fait. J'étais comblé, repu, tout était beau. Il y avait une aura de grand retour pour moi, et la chaleur de l'accueil tenait du fantasme. »

SUR LES QUOTAS FRANCOPHONES À LA RADIO

« Je ne suis pas d'accord pour les baisser. On demande à la chanson francophone de se tasser, comme si on avait un énorme marché. Restons au moins comme ça ! C'est sûr que j'aimerais jouer plus à la radio, mais surtout que les plus jeunes jouent. »

SUR LE SYSTÈME DE REDEVANCE SUR L'ÉCOUTE EN CONTINU

« Je n'en pense que du mal. Mes albums sont disponibles, c'est mieux que rien, mais si on ne se fiait qu'à ça pour vivre, on ferait autre chose. Ce qui est curieux, c'est que la musique est un loisir pour ceux qui la consomment, et que toute l'industrie est faite pour qu'on ne sente pas l'effort. Il y a beaucoup de travail dans ce que l'on fait, mais quand on l'explique, on a facilement l'air de se plaindre de notre sort. »

Patrice Michaud: cinq sélections, dont chanson de l'année et interprète masculin de l'année

LE MOMENT MUSICAL DE SON ANNÉE

« J'ai invité des jeunes réfugiés syriens, que j'avais rencontrés dans le cadre de La fabrique culturelle, à mon spectacle au Club Soda. Ils ont terminé le show avec moi. C'était magnifique. La musique amène de grands moments humains, et c'est ce que je chéris le plus. »

SUR LES QUOTAS FRANCOPHONES À LA RADIO

« On entend souvent que la jeune génération consomme autrement. Mais il y a des gens qui écoutent encore la radio et la télé, alors il faut être respectueux dans l'approche, sinon c'est de l'âgisme. Pour les gens qui consomment encore des médias traditionnels, les quotas ont un rôle à jouer. »

SUR LE SYSTÈME DE REDEVANCE SUR L'ÉCOUTE EN CONTINU

« Il est difficile de quantifier l'apport promotionnel que ces plateformes peuvent avoir, mais pour moi qui n'ai aucune prétention à l'international, ce n'est pas un outil avantageux. C'est un métier que je pratique, j'en fais vivre ma famille, et ça, ça ne me fait pas vivre. Je n'ai pas calculé ce que ça me rapporte, mais je serais étonné que ça dépasse 2 % de mon revenu. Ça paye la pâte à dents. »

Vincent Vallières: Deux sélections, dont interprète masculin de l'année

LE MOMENT MUSICAL DE SON ANNÉE

« Je reviens d'une tournée abitibienne. La température était belle, le public était au rendez-vous et l'expérience était unique. Je suis privilégié de faire ce métier et de découvrir des lieux exceptionnels comme le lac Témiscamingue, un des secrets les mieux gardés au Québec. »

SUR LES QUOTAS FRANCOPHONES À LA RADIO

« C'est malheureusement nécessaire pour la subsistance de la chanson québécoise. Je suis un privilégié, je joue beaucoup à la radio depuis plusieurs années, et je suis à même de constater l'impact que ça a sur mon cheminement. Quand je me pointe dans un grand festival et que tout le monde chante mes chansons, je le dois aussi à la radio commerciale. »

SUR LE SYSTÈME DE REDEVANCE SUR L'ÉCOUTE EN CONTINU

« Les gens consomment autrement, alors on doit légiférer autrement, et rapidement. Ceci dit, je n'aime pas qu'on rejette la faute sur les consommateurs de musique : ils ont des jobs, des enfants, des activités, le jeu se joue au palier gouvernemental. En ce moment, c'est un peu le far west. »

Alex Nevsky: trois sélections, dont interprète masculin de l'année

LE MOMENT MUSICAL DE SON ANNÉE

« J'ai été la tête d'affiche d'une dizaine de festivals cet été. C'est malade mental de faire danser autant de gens, d'avoir des foules à perte de vue... Chaque fois, je me dis qu'ils devraient tous être en train de faire quelque chose de plus intéressant que de venir voir mon show ! »

SUR LE SYSTÈME DE REDEVANCE SUR L'ÉCOUTE EN CONTINU

« Pas tant de gens l'utilisent, mais je crois que le plein potentiel va aboutir un jour. À part quelques chanceux, peu d'entre nous peuvent vivre de la vente d'albums, alors qu'avec le streaming, j'ai l'impression que plus de gens peuvent faire un peu de sous. À un moment donné, je suis sûr que les revenus vont devenir semblables à ce qu'on fait avec le disque. »

SUR LA PLACE DES FEMMES DANS L'INDUSTRIE

« C'est un milieu de gars. Dans ma tournée et mon équipe, il y a plein de filles, il y a une parité vraiment cool. J'ai toujours été entouré de femmes. Mais les gars qui ont joué toute leur vie dans leur garage avec leurs amis continuent de se tenir avec des gars. Il y a un déséquilibre réel, mais il n'est pas volontaire. »