Grâce à une campagne de sociofinancement qui lui a permis d'amasser 63 203 $, Annie Villeneuve enregistrera son cinquième album à Nashville. Même si cette initiative lui a valu son lot de critiques, la chanteuse vient de prouver que son idée n'était pas farfelue.

Quatre cent cinquante-quatre personnes ont contribué à sa campagne sur la plateforme La Ruche Montréal en achetant des lots d'une valeur de 10 $ à 3000 $.

«Je testais le sentiment d'appartenance du public à mon travail. En fait, je refaisais un peu le même chemin qu'à Star Académie lorsqu'ils ont voté pour moi. En 2003, les gens ont mis 1 $ pour que je passe en finale. Je voulais voir s'ils me faisaient encore confiance.»

Reste que ce genre de projet apporte son lot de stress: «Si les gens n'avaient pas appuyé mon projet, penses-tu que j'aurais fait un sixième album? J'aurais compris qu'ils ne voulaient plus de ma musique. C'était donc ultra-stressant pour moi.»

Presque toutes les demi-heures depuis le lancement du projet, à la mi-novembre, elle a consulté le site web pour voir si elle avait reçu de nouvelles contributions. Finalement, elle a dépassé son objectif, fixé à 60 000 $, en six semaines. Quelques artistes l'ont appuyée, y compris Marc Dupré, Mahée Paiement, Marie-Ève Janvier, José Gaudet et Jason Roy-Léveillée.

L'artiste de 33 ans a tout de même essuyé des critiques acerbes, notamment d'artistes comme Annie Dufresne, lorsqu'elle a annoncé qu'elle réaliserait son prochain album grâce aux dons du public.

«C'est sûr que ça m'a touchée, j'étais directement visée par ces critiques. Mais rapidement, j'ai changé ma façon de voir ça. Je me suis dit que j'avais une mission : faire connaître le financement participatif», dit la jeune femme, qui est aussi membre du conseil d'administration de l'Union des artistes.

«En fait, je suis allée chercher la même énergie que lors du gala de l'ADISQ en 2003, avec Star Académie. Nous avions gagné trois prix, et chaque fois que nous montions sur scène, nous sentions un mépris généralisé. [...] La troisième fois que nous sommes allés chercher un prix, j'ai pensé: ‟Jugez-nous comme vous voulez, mais regardez-moi aller"», confie Annie Villeneuve.

Enregistrement à Nashville

Dimanche, elle s'envolera pour Nashville, où elle enregistrera son album, intitulé 5, avec le réalisateur Chad Carlson (Taylor Swift), ainsi que cinq musiciens.

«Si ce n'était pas pour cet album, j'aurais tenté d'aller enregistrer à Nashville pour le sixième. C'est tellement une ville musicale! Et j'aime le country depuis quelques années. D'ailleurs, sur mes derniers albums, on entend déjà un peu de country.»

Exception faite de deux chansons, Annie Villeneuve a tout écrit sur son prochain album. «Habituellement, j'écrivais la moitié. Mais cette fois, j'ai décidé de me faire confiance comme auteure-compositrice-interprète.»

La chanteuse juge ne plus être la même artiste qu'avant. «D'album en album, je m'étais éloignée du public. Je voulais tellement donner une image parfaite de moi que je créais une distance. Et après la naissance de ma fille Léa [aujourd'hui âgée de 3 ans], je me suis encore plus isolée avec elle», confie celle qui s'est séparée de l'ancien joueur du Canadien Guillaume Latendresse au début de l'année dernière.

«Ce fut une année mouvementée pour moi. Il a fallu que j'apprenne à ne pas me juger. Je rêvais d'un couple uni, à l'image de mes parents qui sont encore ensemble, mais on ne s'est pas bien pris pour y arriver. Nous ferons peut-être une meilleure équipe maintenant. Si tu n'as pas réussi ton couple, tu peux réussir ta séparation. C'est un petit baume pour moi d'imaginer que nous réussirons cela.»

Annie Villeneuve lancera son 5e album le 7 avril.