« Je ne peux m'empêcher de penser à René, il est là, avec nous » : pour Céline Dion, de retour sur scène à Paris à partir de vendredi, quelques mois après la disparition de son époux et manager René Angélil, the « Show Must Go On ».

La vedette canadienne chantait mardi soir à Anvers, en Belgique, où elle a lancé en début de semaine une mini-tournée estivale empreinte d'émotions, en prélude à la sortie d'un nouvel album attendu fin août.

Cette tournée, décidée avant le décès de René Angélil en janvier, prend l'allure d'un hommage à celui qui a découvert Céline Dion à l'âge de 12 ans pour en faire une vedette mondiale aux quelque 240 millions d'albums vendus en 35 ans de carrière.

À Anvers, Céline Dion, vêtue assez sobrement d'un pantalon et d'une veste queue-de-pie noirs sur un haut blanc, débute avec une chanson de circonstance, Encore un soir, écrite par son complice de longue date Jean-Jacques Goldman pour évoquer les derniers moments du couple.

Sitôt cette chanson terminée, Céline Dion prend plusieurs minutes pour s'adresser à son public comme elle renouerait avec de vieux amis, donnant le ton d'un concert de deux heures où il sera question d'« amour », d'énergie et d'envie de continuer à chanter et faire le spectacle.

« Je tiens à vous remercier pour tous vos mots, vos regards, vos sourires. Les enfants et moi, nous allons bien, alors tout va bien (...). Les larmes ont laissé la place aux sourires. Je suis là pour passer du temps avec vous, je n'ai pas l'intention de quitter la scène », dit-elle avec cette étonnante proximité avec ses admirateurs qui applaudissent debout.

Le concert proprement dit peut alors commencer, avec une Céline Dion soutenue par un imposant orchestre d'une trentaine de musiciens : cordes, cuivres, pianos, guitares, percussions, choristes.

Reprises de Charlebois et Prince

Il y a évidemment les incontournables : Pour que tu m'aimes encore, Ziggy, Dans un autre monde ou encore la chanson du film Titanic, My Heart Will Go On.

Mais aussi celles qu'elle a incluses pour « se faire plaisir », comme cette reprise poignante de Ordinaire, une chanson de son compatriote Robert Charlebois qui figurera sur son prochain album, son quinzième en français. Un disque pour lequel elle a fait appel à Francis Cabrel, Serge Lama ou Grand Corps Malade.

D'autres reprises sont au programme de ce tour de chant : un Purple Rain, plutôt réussi, pour rendre hommage à Prince, autre disparu de l'année, un River Deep, Mountain High (Ike et Tina Turner) vitaminé. Et évidemment The Show Must Go On, chanson de Queen sortie peu de temps avant la mort de son chanteur Freddie Mercury en 1991 et que Céline Dion fait sienne, comme elle l'avait fait le mois dernier sur la scène des Billboard Music Awards à Las Vegas.

La scénographie est certes sans artifices et les arrangements manquent parfois d'un brin de finesse sur certains titres, mais Céline Dion est là, et bien là. Elle donne de la voix et de sa personne, invitant les spectateurs à se lever, multipliant les petits signes de main à l'attention de ses admirateurs et se déhanchant à l'occasion.

Et l'émotion du début du concert, un peu évacuée au fil du concert par les envolées cuivrées et les solos de guitare, revient de plus belle à la fin.

« Ce spectacle a présenté une grande étape pour moi. (...) L'amour restera, encore et toujours la plus belle des armes », glisse Céline Dion, en laissant couler quelques larmes sur S'il suffisait d'aimer, autre tube signé Jean-Jacques Goldman, avant de s'éclipser en fredonnant Vole pour laisser la place à une photo d'elle enlaçant René Angélil.

Après Bercy, pour neuf soirées à partir de vendredi et jusqu'au 9 juillet, elle remettra le cap sur le Canada.

Céline Dion en trois chiffres

Trois chiffres qui résument le phénomène populaire que constitue Céline Dion, alors que la star canadienne s'installe pour neuf concerts à Bercy, à Paris, à partir de vendredi.

12

Comme l'âge auquel Céline Dion, dernière d'une famille de 14 enfants, enregistre sa toute première chanson, Ce n'était qu'un rêve. Quelques mois plus tard, cette chanson est repérée par René Angélil, qui deviendra son manager puis plus tard son mari. Céline Dion, à seulement 13 ans, enregistre dans la foulée un premier album distribué au Québec. Elle va rapidement se faire connaître en France, en Europe (victorieuse de l'Eurovision en 1988 avec Ne Partez pas sans moi) et partout dans le monde, en se mettant aussi à chanter en anglais (premier album anglophone en 1990). Celle qui a notamment chanté à la cérémonie d'investiture de Bill Clinton (en janvier 1993) a raflé des dizaines de prix (Grammys, Victoires de la musique, Félix au Canada) en 35 ans de carrière.

240 millions

Comme les ventes estimées de ses albums depuis ses débuts, selon sa maison de disques. Depuis 1981, Céline Dion a sorti 25 albums studio (14 en français, 11 en anglais), en attendant le prochain, en français, attendu à la rentrée. Ecrit par Jean-Jacques Goldman, l'album D'eux (1995) a été l'album francophone le plus vendu dans le monde avec quelque 10 millions d'exemplaires estimés (près de 4 millions en France). JJG avait écrit dans la foulée un autre album pour Céline Dion, S'il suffisait d'aimer (1998), autre très grand succès commercial de la Canadienne. Et c'est toujours l'auteur de Quand la musique est bonne qui a signé sa nouvelle chanson, Encore un soir, parue en mai, la première enregistrée par Céline Dion depuis la disparition de son mari, en janvier, à l'âge de 73 ans.

113 500

Comme le nombre de places écoulées pour la série de concerts parisiens de Céline Dion, à partir de vendredi à Bercy. Moins de trois ans après avoir déjà rempli la grande salle de la capitale pour sept shows fin 2013, elle s'installe cette fois pour neuf soirs, jusqu'au 9 juillet, après deux concerts inauguraux en Belgique lundi et mardi.