Le pianiste de jazz Paul Bley, d'origine montréalaise, est décédé dimanche à sa résidence de Floride, à l'âge de 83 ans.

Son étiquette de disques, ECM Records, a indiqué mardi que le jazzman était mort de «causes naturelles» chez lui, à Stuart. Des cérémonies funéraires intimes sont prévues.

Né le 10 novembre 1932 à Montréal, Paul Bley a commencé à étudier la musique à l'âge de cinq ans et il a formé son premier groupe à 13 ans.

Encore adolescent, il remplaçait le grand Oscar Peterson au Alberta Lounge, un club de Montréal. Il a aussi fondé avec d'autres musiciens le Montreal Jazz Workshop, où il a réussi à inviter le grand Charlie Parker, notamment.

Paul Bley a ensuite étudié, dans les années 1950, à la prestigieuse et très sélecte école de musique new-yorkaise Julliard. Dans les années 1960, il a innové dans le monde du jazz en jouant sur des pianos électriques et des synthétiseurs.

Au cours d'une carrière échelonnée sur 70 ans, menée aux États-Unis, le jazzman d'avant-garde aura joué et enregistré avec les Sonny Rollins, Charles Mingus, Chet Baker, Lester Young et plusieurs autres grands musiciens.

Tout au long de sa carrière, Paul Bley a été un musicien aimant expérimenter et déterminé à trouver sa propre voix. «Si j'arrive à une phrase musicale dont le son rappelle celui d'un autre musicien, je ne la joue pas», disait-il en entrevue pour le site web All About Jazz en 2006.

Paul Bley a défié l'orthodoxie bebop, adaptant le free jazz du saxophoniste Ornette Coleman pour le piano, offrant une version moins à l'emporte-pièce. Il a par la suite été à l'avant-garde, expérimentant avec des synthétiseurs.

Les trios innovants qu'il formait en tant que pianiste - le plus connu étant celui avec le bassiste Gary Peacock et le batteur Paul Motian - libéraient les instruments de rythmique de leurs rôles traditionnels de soutien, plaçant chacun au même niveau à titre d'improvisateurs.

Son album solo Open to Love, enregistré pour l'étiquette allemande ECM a contribué à définir cet exercice difficile qu'est la prestation en solo.

Paul Bley a aussi aidé à faire connaître de jeunes musiciens prometteurs tels que le guitariste Pat Metheny et le bassiste Jaco Pastorius, et a influencé plusieurs musiciens, dont le pianiste Keith Jarrett et le guitariste Bill Frisell.

En 1957, il a déménagé à Los Angeles, où il a offert des prestations avec le trompettiste Chet Baker. En 1958, Paul Bley a invité Ornette Coleman, alors peu connu, et son quartet formé du batteur Billy Higgins, du trompettiste Don Cherry et du bassiste Charlie Haden, à jouer avec lui au Hillcrest Club.

Paul Bley «était celui ayant compris ce que faisait Ornette (Coleman), et qui a amené ce genre de mobilité tonale et de liberté mélodique au piano», avait observé le critique  Stanley Crouch.

Paul Bley a marié la pianiste et compositrice Karen Borg, qui a changé son nom pour Carla Bley, et le couple est retourné à New York en 1959. Ses groupes ont souvent joué les compositions de Carla Bley. Il a par la suite interprété plusieurs pièces de sa seconde épouse, Annette Peacock.

Il a contribué à former la coopérative Jazz Composers Guild en 1964, qui a réuni plusieurs des musiciens jazz d'avant-garde de premier plan à New York, incluant le pianiste Cecil Taylor et le saxophoniste Archie Shepp.