À 91 ans, le chanteur français Charles Aznavour, a entamé mardi soir un concert à Paris par Les émigrants, une chanson écrite il y a trente ans par ce fils d'Arméniens très affecté par la crise des réfugiés.

Une chanson hautement symbolique, mais pas de grands discours. Charles Aznavour, qui multiplie les appels dans la presse pour inciter à accueillir les réfugiés dans les petits villages de France, n'en parle pas sur scène.

Plus tard, il chante Ils sont tombés en mémoire du génocide arménien. «Mais ce n'est pas une chanson contre un peuple», précise-t-il. «À la place de l'Arménie, vous pouvez mettre les enfants du Rwanda par exemple.»

Au premier soir d'une série de six concerts, il confie, honnête, «ma vision n'est plus ce qu'elle était, pour l'audition ce n'est pas parfait non plus, quant à ma mémoire c'est la catastrophe». D'où l'apparition d'un prompteur devant lui: «Je ne suis pas le seul, mais je suis le seul à le dire au public.»

De même, les mains tremblent sans doute un peu plus, Charles Aznavour chante parfois assis et se perd même une fois quand il teste une nouvelle orchestration, au tempo plus rapide, sur Les plaisirs démodés.

Mais tout cela, finalement, l'amuse beaucoup. Il sourit, serre rageusement le poing à la fin des chansons et esquisse même quelques pas de danse prudents sur les «incontournables» de la fin de son tour de chant, La bohème, Emmenez-moi et J'me voyais déjà.

Puisant dans ses «1300 chansons et quelques», Aznavour a alterné les classiques (Mes emmerdes, Hier encore, Comme ils disent), les chansons jamais chantées sur scène (À ma femme) et quelques nouveautés du dernier album (le 51e, Encores) sorti au printemps.