Pour que se répande sur scène la matière incandescente de l'album composite signé Suuns et Jerusalem In My Heart, certaines conditions sont nécessaires... Et ces conditions n'étaient peut-être pas réunies, jeudi soir au Colisée Desjardins de Victoriaville.

La rencontre de l'excellent groupe Suuns (Ben Shemie, Joseph Yarmush, Max Henry,Liam O'Neill) et de JIMH (Radwan Moumneh) se fonde sur une architecture simple : rythmes binaires, chants arabes ou anglos filtrés en direct, motifs minimalistes émanant des cordes électriques, instruments orientaux, synthés et autres outils électroniques.

Pour que ces coulées de space rock, hardcore, avant-rock, arabo-électro puisse submerger les corps, il faut un volume très élevé, et ce volume était trop timoré. Sans un son colossal qu'on vous balance en pleine gueule, la perception est tout autre. À Victo, donc, le problème n'en était pas un d'intelligibilité, mais de puissance.

Le succès de cet amalgame repose sur le dosage de ses éléments hypnotiques excluant toute complexité instrumentale et qui opèrent à la manière de mantras. Idem pour les images de Sabrina Ratté (remplacée pour l'occasion); il faut les conditions d'une vraie performance audiovisuelle, soit un écran plus grand (ou encore plusieurs écrans) que celui déployé derrière le groupe au FIMAV.

Sans ces conditions réunies, la minceur de la proposition instrumentale l'emporte sur ses capacités immersives. Dans le cas qui nous occupe, donc, la sonorisation est en soi un instrument de musique supplémentaire qui ne devra plus quitter Suuns et JIMH pour la suite des choses.