Le plus surprenant a été de voir l'accent aigu dans le nom du projet, Arts Alive! Québec, petit signe de reconnaissance que, il y a 20 ans encore, il aurait été vain de chercher dans les communications d'un organisme anglophone, fût-il de nature culturelle.

La Presse a été accueillie en français, au Rialto de l'avenue du Parc, où l'ELAN - l'English Language Arts Network - lançait le projet Arts Alive! Québec, célébration des arts qui, de juin à octobre, se déroulera dans six des plus importantes communautés anglophones du Québec.

La conférence de presse - en présence d'un seul journaliste francophone - s'est déroulée en anglais et en français et tous les communiqués de la pochette avaient été traduits. Ils ne l'auraient pas été, remarquez, que nous aurions quand même tout compris des manifestations organisées sous l'égide d'ELAN à Hudson, à Québec, dans le West Island de Montréal, de même qu'à Knowlton dans les Cantons-de-l'Est, Huntingdon en Montégérie et Wakefield La Pêche, village touristique très fréquenté de la Gatineau.

Les communiqués, donc, étaient aussi en français - politesse appréciée, contrairement à celui du West Island Blues Festival qui nous est parvenu le lendemain.

«Il y a 40 ans, très peu d'anglophones au Québec parlaient français», a déclaré Guy Rodgers, le directeur de l'ELAN, citant les «exceptions» notoires qu'étaient alors les soeurs McGarrigle, Jim Corcoran et Leonard Cohen.

«Aujourd'hui, plus de 50% des Anglo-Québécois sont bilingues et, chez les jeunes, le pourcentage atteint 80%.» Le diplômé de l'École nationale de théâtre et membre du conseil de Culture Montréal voit dans cet accroissement un «profond engagement envers la langue française et envers le Québec».

Tout en reconnaissant la légitimité des inquiétudes des francophones devant les dangers d'une «invasion» anglophone, M. Rodgers soutient que «Hollywood représente une menace beaucoup plus grande que quelques milliers d'artistes locaux».

Programme dense

Ceux-là mêmes que l'ELAN répertorie depuis quelques années, peintres, comédiens, chanteurs, que l'on pourra découvrir à compter du jeudi 4 juin à Hudson, un lieu très vivant culturellement qui lance Arts Alive! Québec avec quatre jours d'activités qui souligneront par ailleurs le 150e anniversaire de la fondation de la municipalité outaouaise.

Le programme propose un concours à l'intention des cinéastes émergents organisé par la Hudson Film Society; un spectacle d'humour, How I Broke into Showbiz («Comment je suis entré dans le showbiz») avec Lorne Elliott, fils de Hudson et l'un des humoristes les plus connus du Canada anglais; une pièce du théâtre Panache, Phoebe, de Bonnie Laing; un concert d'opéra et de chansons de Broadway avec les sopranos Carolina Pla et Claire de Sévigné, deuxième au Concours Standard Life de l'OSM en novembre dernier; et pour finir, le dimanche 7 juin, un spectacle de Kim Richardson avec les cuivres du Hudson Music Festival. Dense!

Après le week-end Arts Alive! à Québec - spectacle de Plants andAnimals au Morrin Centre le 12 juin - la partie estivale du projet commencera le vendredi 26 juin au cégep John Abbott de Sainte-Anne-de-Bellevue avec un spectacle réunissant quatre groupes dont Motel Raphaël (voir www.arts-alive-quebec.com pour le programme complet de la série).

Citant le succès d'Arcade Fire salué jusqu'à l'Assemblée nationale, Guy Rodgers rappelle avec justesse que «la culture représente un intérêt partagé par tous les Québécois.»

L'OSL a 30 ans

Grieg, Mozart, Debussy, Mendelssohn: pour le concert du 30e anniversaire de l'Orchestre symphonique de Laval, le 28 octobre, son chef et directeur artistique Alain Trudel a choisi des pièces des mêmes compositeurs qui étaient au programme du premier concert de l'OSL, en 1985.

La programmation de la 30e saison, dévoilée mardi à la salle André-Mathieu, propose par ailleurs en ouverture (30 septembre) Les trois B: Beethoven, Brahms... Babin! où l'OSL interprétera la pièce de Louis Babin consacrée à Antoine de Saint-Exupéry, De coeur, de sable et d'étoiles, enregistrée cet hiver avec le Moravian Philharmonic Orchestra grâce à ces 20 000 $ amassés dans une campagne de sociofinancement sur le site Kickstarter; la composition de l'oeuvre avait été soutenue par le Festival des Eurochestries en Charente-Maritime, France.

L'OSL, pour sa part, «orchestre de proximité» qui mise sur le talent des musiciens de la jeune génération, reste dans les chemins traditionnels du financement populaire pour arriver à l'équilibre d'un budget qui atteint le million de dollars, la moitié étant constituée de revenus autonomes (dons, activités-bénéfice, billetterie). Mais ce n'est pas facile, explique Marcel Lemay, président du conseil qui, avec l'équipe de la directrice générale Marie-Pierre Rolland, vient de résorber un déficit de 100 000$.

«La plupart des gens, nous dira M. Lemay, ont une approche de consommateurs plus que de donateurs ou de mécènes: «Je te donne tant; qu'est-ce que tu me donnes en retour?» L'autre difficulté tient au fait que les événements des dernières années, à Laval, ont rendu les gens craintifs: pour toutes sortes de raisons, beaucoup hésitent même à se montrer dans les soirées-bénéfice...»

M. Lemay, comptable et mélomane, rappelle par ailleurs que, de tous les dons que font les Québécois, seulement 3% sont destinés à la culture. «Le gouvernement fait sa part, avec des crédits d'impôt qui, pour un premier don important, entre 5000$ et 25 000$, atteignent 75%. Mais ces programmes sont méconnus dans la communauté d'affaires...»

Pour commencer, on peut juste s'acheter un billet pour aller au concert...