Le Québec est au dernier rang des provinces canadiennes pour les dons aux organismes de charité dûment enregistrés. Avec 726$ de dons déclarés au fisc en 2012, ce qui est moins de la moitié de la moyenne canadienne (1523$), selon les données publiées mardi par le Fraser Institute, un think tank de Toronto.

Des spécialistes se pencheront sûrement sur cet écart spectaculaire qui doit s'expliquer autrement que par le manque de générosité. Du point de vue fiscal, les Québécois sont dans un étau historique, on le sait: il en reste moins pour «les autres affaires»... et pour ceux qui sont dans le besoin. Peut-être sont-ils aussi moins au fait des mécanismes fiscaux en matière de dons.

Bon... L'enquête du Fraser Institute ne tient pas compte des dons à des gens ou à des causes qui ne remettent pas de reçus d'impôt. Cela peut représenter une piste pour expliquer la position du Québec où, avec 20,7% des contribuables qui déclarent des dons à des oeuvres caritatives, nous nous retrouvons, dans ce palmarès, avec le Yukon, les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut.

Quoi qu'il en soit, les Fêtes offrent plein d'occasions d'appuyer des causes nobles. Avec ou sans reçu d'impôt. Dans le champ culturel, toutefois, les occasions sont rares cette année, mais elles sont là.

Le premier produit culturel «caritatif» qui nous vient à l'idée est le CD Duos improbables 2, dont les profits vont à l'organisme Les Impatients qui, par des ateliers de dessin, de peinture et de musique, vient en aide aux personnes souffrant de maladie mentale.

En 2012, le premier disque des Duos improbables - une idée originale de Marie-Christine Champagne des disques La Tribu et Alain Labonté - avait rapporté plus de 40 000$ aux Impatients. Parfaitement ciblé, le «produit» est en relation directe avec les moyens utilisés pour aider les gens.

Et quelle réalisation de Vincent Réhel et Martin Roy! Onze chansons d'amour, d'amour de l'autre et d'amour du monde comme Bravo, Monsieur le Monde de Michel Fugain qu'interprètent avec finesse Yann Perreau et Gabrielle Marion-Rivard, l'actrice et chanteuse atteinte, comme on le sait, du syndrome de Williams.

Parfois le punch - ou la surprise - est dans le duo lui-même: André Sauvé et David Portelance se criant leur amour dans J'ai un problème que chantaient Johnny Hallyday et Sylvie Vartan dans le temps, parfois le punch est dans l'interprétation: Lisa LeBlanc et Patrick Bourgeois sont sublimes dans la relecture country accélérée de Donne-moi ma chance, un des grands hits des BB composé par Bourgeois lui-même.

Parfois, aussi, il n'y a pas de mordant du tout... mais les bonnes tounes compensent.

Dans un trio qui n'a rien d'improbable dans la qualité harmonique, Renée Martel et les Soeurs Boulay sont restées très près de l'original d'Entre la jeunesse et la sagesse des soeurs Kate et Anna McGarrigle. Magnifique interprétation.

Marie-Pierre Arthur et Ian Kelly forment un duo tout ce qu'il y a de «probable» dans L'encre de tes yeux de Francis Cabrel, mariage harmonique parfait. Parfois aussi il y a juste une moitié du duo qui fonctionne: la voix d'Ingrid St-Pierre brille dans Fais-moi une place (Julien Clerc) où l'on entend aussi Éric Salvail, animateur, producteur, mais pas du tout chanteur.

Un mot, pour terminer, sur Plume Latraverse qui a tout compris en jouant le jeu «au boutte» dans Vous qui passez sans me voir de Charles Trenet, qu'il interprète avec Marie-Michèle Desrosiers. Voilà un vrai duo «improbable» !

Musique équitable

À la suite de notre chronique sur la marche vers la «musique équitable» parue récemment, le vice-président de la Songwriters Association of Canada (SAC), Jean-Robert Bisaillon, a tenu à nous faire part de quelques précisions.

Le concept de musique équitable, nous dit l'ex-French B, a été élaboré par Eddie Schwartz, président de la SAC, qui s'est inspiré de l'approche du «café équitable», peut-être la plus connue des initiatives de la nébuleuse Fairtrade. Nous en reparlerons bientôt.

Par ailleurs, Éric Baptiste, le patron de la SOCAN, est président de la Confédération internationale des Sociétés d'auteurs et de compositeurs (CISAC) et non, comme nous l'écrivions, du Conseil international des auteurs de musique que préside le compositeur italien Lorenzo Ferrero. Nos excuses à ces messieurs pour cette erreur bien involontaire.

Dans le Mile End

L'ancien Cabaret du Mile End de l'avenue du Parc a changé de propriétaire et rouvrira ses portes en mars sous le nom de Théâtre Fairmount, apprenait-on cette semaine. Après une sérieuse remise à niveau, tant du lieu lui-même - priorité au dangereux escalier - que de ses équipements techniques.

Avec le retour en force de l'ex-Club Soda et ex-Kola Note, le secteur Outremont-Mile End ne sera pas en reste sur le plan des salles de spectacle. Une entente récente avec la Ville de Montréal a assuré la pérennité du Théâtre Outremont de la rue Bernard (775 sièges) tandis que le Rialto, juste à côté sur l'avenue du Parc, continue, après de récentes rénovations, de faire sa niche tant par ses choix musicaux que ses choix «événementiels».