Johnny Hallyday, loin d'être rassasié par ses six concerts parisiens avec ses «potes» Jacques Dutronc et Eddy Mitchell, revient lundi avec un 49e album studio, Rester vivant, et trépigne déjà d'impatience à l'idée de repartir l'an prochain dans une tournée au long cours.

«J'ai eu la bêtise de dire un jour que j'allais m'arrêter et puis je me suis rendu compte que j'allais m'ennuyer à mourir, que ce n'était pas possible», confie l'ancienne «idole des jeunes» française, en recevant quelques journalistes dans une suite parisienne, traits tirés après les six concerts des «Vieilles canailles», conclus lundi dernier, mais idées claires et envie intacte.

«Depuis que j'ai l'âge de 3 ans, j'ai été trimballé à droite et à gauche par ma famille d'accueil (des danseurs, NDLR). J'ai vécu au Danemark, en Suède, en Norvège, en Italie... Ça me fait un peu peur de devoir rester au même endroit tout le temps», ajoute celui qui réside désormais à Los Angeles.

Et ce n'est pas les six soirées avec ses «potes d'enfance» Jacques Dutronc et Eddy Mitchell qui l'ont rassasié: «Cela a été du pur bonheur. Très sincèrement j'ai été très triste quand ça s'est arrêté».

À 71 ans, et cinq ans après avoir passé plusieurs jours dans le coma et frôlé la mort, Johnny clame plus que jamais son souhait de Rester vivant avec un 49e album studio empreint de mélancolie, mais aussi d'une belle énergie rock et d'une voix plus intense que jamais. Certains critiques voient déjà ce disque comme son meilleur depuis ses collaborations avec Michel Berger (pour Rock n'Roll Attitude en 1985) ou Jean-Jacques Goldman (pour Gang en 1986).

L'intéressé ne remonte pas aussi loin, situant son «dernier bon album» au Sang pour sang réalisé en 1999 avec son fils David, mais ne cache pas que les derniers disques ont pu décevoir.

Cette fois, l'émotion et la justesse sont là pour chanter la solitude (Seul), la passion (Te manquer, sur un joli texte de Jeanne Cherhal), mais surtout «le temps qui passe pour tout le monde», thème central des douze nouvelles chansons où les verbes se conjuguent au passé (J'ai ce que j'ai donné, J't'ai même pas dit merci sur un texte de Miossec, Si j'avais su la vie).

Un Johnny «audiogénique»

Le rockeur, qui se dit «apaisé», avait envie d'auteures féminines (Isabelle Bernal, Valérie Véga en plus de Jeanne Cherhal) et de bannir les «choses trop hard».

Pour le son, l'interprète de «Quelque chose de Tennessee» a trouvé son bonheur dans l'Amérique du blues et de la country et du son des années 70 en confiant les clés de son disque au producteur américain Don Was, patron du label Blue Note.

«Je l'ai connu en écoutant son travail avec Bob Dylan, avec U2, avec les (Rolling) Stones et c'est quelqu'un avec qui j'avais envie de travailler depuis le début. Ce n'était pas évident que ça accroche et que ça fonctionne, mais dès qu'on s'est rencontré, ça lui a plu», explique Johnny.

«À la minute où Johnny a ouvert la bouche, tout le monde a fait: waouh! Des mannequins comme Claudia Schiffer sont photogéniques. Johnny Hallyday, lui, est audiogénique! Sa voix jaillit des haut-parleurs», confiait récemment à l'AFP Don Was.

En attendant, Johnny préserve sa santé - il s'est mis à la cigarette électronique pour protéger sa voix - pour pouvoir repartir l'an prochain dans une de ces tournées marathon dont il a le secret.

Quant à sa participation à une chanson avec Daft Punk pour collecter des fonds contre Ebola, annoncée par le chanteur irlandais Bob Geldof, Johnny ne parle pour le moment que d'un «projet».