Alors que 2013 égrène tranquillement ses derniers jours - et ses derniers bilans -, son successeur apparaît déjà dans le vaste champ de Grand Angle, un espace plus fort en histoire qu'en prospective mais néanmoins très intéressé par les choses à venir. Pas pour vivre demain avant qu'il ne devienne aujourd'hui, mais pour voir venir, justement.

Comme le disait l'humoriste français Pierre Dac, «les prévisions sont difficiles surtout lorsqu'elles concernent l'avenir» mais il est un domaine prévisionnel où la marge d'erreur est (presque) nulle: les anniversaires. Ces dates où le temps et le souvenir se fondent pour évoquer le passé, heureux ou malheureux.

Dans ses multiples promesses, 2014 porte en ses jours des anniversaires artistiques au pouvoir évocateur fort. Ils ne seront pas tous célébrés au même train mais ils n'en représentent pas moins des étapes importantes dans l'histoire de la scène et du showbiz québécois.

Par exemple, avril marquera le 50e anniversaire du passage à la Place des Arts de Claude Léveillée, premier Québécois à se produire en solo dans cette Grande Salle inaugurée six mois plus tôt. En cette même année 1964, Montréal avait aussi reçu la visite d'un quatuor britannique appelé The Beatles.

En s'approchant, par sauts de cinq ans: 2014 saluera le 40e anniversaire de la SuperFrancoFête de Québec (1974) qui s'était ouverte avec le spectacle J'ai vu le Loup, le Renard, le Lion - Robert Charlebois, Gilles Vigneault et Félix Leclerc - et le 35e de l'opéra rock Starmania (de Luc Plamondon et Michel Berger) et du spectacle humoristique Broue qui n'a jamais arrêté de tourner depuis 1979. 

Nos collègues cinéphiles ne manqueront pas, de leur côté, de souligner les 25 ans des films Cruising Bar, avec Michel Côté, et Jésus de Montréal de Denys Arcand.

Le Festival international de jazz de Montréal célébrera pour sa part sa 35e édition qui, si les astres s'alignent comme du monde, pourrait présenter Céline Dion en spectacle gratuit, place des Festivals. Le vieux rêve s'est transposé dans des discussions où tout le monde arrive bien réveillé pour imaginer ce qui serait le plus grand spectacle de l'histoire du Festival, sinon du Québec.

Outre l'édition anniversaire qui constituera aussi le premier Festival de jazz présenté par Spectra en tant que filiale du Groupe CH de la famille Molson, plusieurs éléments portent à croire que c'est en 2014 que Céline Dion entrera dans l'histoire du plus grand festival de musique au monde. 

Voici trois «raisons», peut-être pas en ordre d'importance. Céline Dion n'a jamais chanté au Festival de jazz et le genre ne constituerait en rien un obstacle pour la chanteuse, trop souvent réduite à la ballade sirupeuse. 

Deuzio. Comme le Château Chantalouette avec le cipaille du lac Saint-Jean, l'accord est parfait: l'artiste au faîte de sa gloire avec le mégafestival, la chanteuse qui a vendu le plus de disques dans l'histoire de l'Homme - 230 millions - avec l'événement qui a vendu le plus de billets. Et de bière... 

Troisième raison, et non la moindre: Céline Dion a chanté l'été dernier à Québec - 43 000 spectateurs payants sur les Plaines, le 27 juillet - et, femme d'amour et de paix, elle ne voudrait certainement pas jeter de l'huile sur les braises de la rivalité Montréal-Québec en refusant de chanter dehors dans la métropole. Juste un soir, n'importe quel, comme à Québec.

Par ailleurs, Céline Dion a elle-même d'importants anniversaires quinquennaux à célébrer l'an prochain. Pourrait fêter tout ça en même temps... Comme ses 20 ans de mariage avec René Angelil, peut-être, après la Confédération, l'union la plus publicisée de l'histoire du Québec. 

On peut facilement arguer que 2014 représente aussi le 20e anniversaire de sa consécration comme vedette mondiale: en 1994, le single The Power of Love avait passé quatre semaines au sommet du top 100 de Billboard. A superstar was born...

Et qui, qui avait atteint l'âge de raison à l'époque, ne se souvient pas de son interprétation de La colombe, le 11 septembre 1984, devant le pape Jean-Paul II au Stade olympique. Si, un mois plus tôt, Diane Dufresne avait été la première - et, à ce jour, la seule - artiste québécoise à se produire en solo au Stade, Céline Dion a été la première à s'y faire un nom; elle avait alors 16 ans.

Comme on le voit, ce ne sont pas les raisons «historiques» qui manquent pour appuyer la venue de Céline Dion au 35e Festival international de jazz de Montréal. Les plus fortes raisons restent toutefois de nature musicale et artistique.

Imaginez un peu la diva entourée de son orchestre, avec Mégo Lemay dirigeant en plus un big band formé des meilleurs jazzmen montréalais...

Et Céline Dion qui chante At Last et Summertime, Ain't Misbehavin' et une autre avec, peut-être, Oliver Jones au piano. Puis Love Can Move Mountains, sa pièce la plus rythmée qu'elle a interprétée il y a deux semaines avec la gagnante de The Voice. L'amour transporte les montagnes... Des plans pour que le mont Royal descende en ville! Va falloir agrandir la place des Festivals.

En attendant, bonheureuse!