Originaire de Valleyfield, Maxime Gervais forme avec son vieux copain Dom Massicotte le duo d'humoristes des Pic-Bois. Mais il aimerait bien percer aussi en musique. À l'occasion de la sortie de son troisième album, Le héros de la ville, La Presse a rencontré cet artiste qui a plus que six cordes à sa guitare...

Fan de Plume et de Mononc' Serge, Maxime Gervais a deux amours: la chanson et l'humour. Deux amours en parallèle.

«J'ai mis une ligne entre mon projet humoristique et mon projet musical, dit-il, car c'est deux trucs complètement différents. La chanson me permet d'exprimer mes émotions personnelles, alors qu'avec les Pic-Bois, notre ligne directrice, c'est d'être les plus niaiseux possible!»

Il n'a jamais écrit une chanson pour faire rire, mais l'humour finit toujours par arriver. «Un peu comme Plume Latraverse, qui écrit des chansons qui finissent par être comiques, mais ce ne sont pas des chansons humoristiques au départ», dit-il.

La guitare jamais loin de lui, il a quand même été sérieux. Il a étudié l'enseignement à l'Université de Sherbrooke. Il fait encore de la suppléance dans des écoles secondaires. Mais à 28 ans, il sait que son chemin sera artistique.

En 2008, il a sorti un premier album, Salut, sous son nom d'alors: Maxos le Gervoïde. Un disque folk, avec des chansons, comme Toune de char ou Sarge pas de menton, qui lui donnaient des airs rebelles à la Renaud Séchan.

«On l'avait enregistré en un soir, dit-il. À l'époque, je ne me considérais pas comme quelqu'un qui pourrait faire de la musique. Un de mes amis qui avait un petit studio, David Dugas Dion, m'a proposé d'enregistrer. J'ai commencé à faire des spectacles et je me suis dit que ça se pouvait!»

De fil en aiguille, le projet a pris du sérieux. En 2010, il a lancé Les ti-gars ne mourront jamais, un album une coche au-dessus, plus mature, mais encore un peu ti-cul qui découvre la vie et ne veut pas vieillir. Avec une belle chanson, Ma guitare contre un missile, écrite durant sa «phase Bob Dylan», qui lui a permis de se décomplexer de ne pas avoir une voix hors du commun ni un talent musical démesuré.

Il reste que ce troisième disque révèle un Maxime Gervais au réel potentiel, malgré des moyens techniques limités. L'album est varié, autant dans les thèmes que dans les rythmes.

«J'ai travaillé de nouveau avec David Dugas Dion, qui a fondé un label, Cuchabata, qui, au début, réunissait toute la faune artistique de Valleyfield. On a tous déménagé à Montréal et on fait tous des styles complètement différents, comme Crabe, un groupe qui connaît un bon succès et le groupe de David, David and the Woods, qui a du succès dans les radios universitaires.»

Maxime Gervais est fier de ce dernier opus, avec sa pochette sur laquelle un lion se promène sur le belvédère du mont Royal. «Je ne me considère pas comme un lion, mais j'ai voulu arriver à Montréal en lion! J'assume maintenant ce que je fais. Je sais que des gens apprécient mon style, alors on y va à fond la caisse. La musique et l'art en général manquent de danger de nos jours. Tout est un peu aseptisé. C'est un peu ma raison de faire de l'humour et de la musique. Je veux être sans compromis.»

Un moment charnière dans sa carrière, cet album? «Je ne sais pas ce que ça va donner, mais j'aimerais bien faire des premières parties, comme de Mononc' Serge ou de Lisa LeBlanc, dit Maxime Gervais. J'aimerais ça entrer dans la clique des musiciens, car actuellement, je suis comme sur une autre planète.»

Chansons de l'album Le héros dans la ville

> Le héros dans la ville: chanson tendre, urbaine, poétique, énergique avec une atmosphère qui rappelle Jean Leloup, artiste qui l'a beaucoup influencé.

> Les tannantes: Drôle de toune, très montréalaise, entraînante. Des airs de Brel au XXIe siècle. Une chanson pour les soirées feu de camp.

> Mon bel usine: Copie avouée de San Quentin, de l'album live de Johnny Cash, At Folsom Prison, de 1968. Adaptée à une usine qui vient de fermer. Chanson avec message.

> Internet: Chanson très actuelle sur le voyeurisme dans les réseaux sociaux. Encore une fois avec un rythme chaloupé, façon Leloup.

> Mon coloc: Ballade qui évoque les jeux vidéo. Rythme agréable, un peu traînant mais la voix est moins assurée quand ça monte trop raide.

> Rock canadien: Première toune rock de l'album. Petite critique sociale sans être une chanson engagée.

> Le diable au corps: Un peu rock aussi. Façon Leloup et Bernard Adamus. «Paranoïa et panique, la mouche me pique et j'réplique».

> Sucez-moi les couilles: Coup de gueule de l'album. Fait penser à Dédé Fortin et marque la démarche artistique de Maxime Gervais: être intègre et prendre des risques.

> Où sont passés les fins de soirées?: Slow classique des années 60. Gentillet. Un hommage aux Sixties.

> Montréal: Chanson-hymne à la nouvelle ville de résidence du chanteur. Harmonies et textes basiques mais du folk cool avec une pointe de gospel.

Disponible à https://maxoslegervoide.bandcamp.com ou chez tous les bons disquaires!

La carrière humoristique des Pic-Bois

Le duo des Pic-Bois formés de Maxime Gervais et Dom Massicotte, deux amis d'enfance, a connu un certain succès avec la présentation de leur spectacle Au menu, frites et moules, l'an dernier dans le cadre du festival Zoofest. Les deux personnages de poètes intenses avec col roulé, «genre Lou Reed et Velvet Underground», avaient présenté ce concept lors de l'émission En route vers mon premier gala en 2008. Ils s'étaient rendus en finale.

Ce faux cabaret de poésie a permis au duo de se faire connaître «à l'industrie». «On est une bibitte mais on est en train de montrer qu'on sait où on s'en va et que ça peut être rentable», dit Maxime Gervais.

Les Pic-Bois reviendront au Zoofest cet été avec la suite de Au menu, frites et moules et ils sont toujours en course pour une place dans un des galas Juste pour rire. Leur performance sera diffusée à l'émission En route vers mon premier gala le 27 avril, à 22h sur MAtv.