Tegan and Sara, soeurs jumelles d'origine albertaine (et à moitié Montréalaises d'adoption), sont des vétérans de l'indie-rock canadien. Elles n'ont que 30 ans, mais sortent mardi leur septième album, Heartthrob. Oubliez le folk et les guitares de leurs débuts: les deux filles nagent en plein dans la pop et les synthés. Et elles ne cachent pas leur volonté de se produire dans de grands amphithéâtres.

« Danser sur des paroles de coeur brisé.» Voilà comment Sara Quin décrit le nouvel album du groupe qu'elle forme avec sa soeur jumelle Tegan depuis plus de 10 ans.

Heartthrob est une grande surprise pop pour deux filles originellement associées au folk rock. «Il y a une transition entre chacun de nos six premiers albums, explique Sara. Nous ne voulions pas refaire les mêmes trucs et nous nous sommes concentrées sur des éléments électroniques. [...] Nous ne voulions pas nécessairement faire un album dance, mais quelque chose d'up-beat avec beaucoup d'énergie qui se prête à de grandes salles.»

Si on peut reprocher à Tegan and Sara de manquer d'originalité, il faut louer leur sens de l'accroche et de la mélodie prenante. «Le premier réalisateur avec lequel nous avons travaillé, Greg Kurstin, a su capturer quelque chose de spécial et amener les chansons à un autre niveau», souligne Sara.

Les deux soeurs ont également travaillé avec le bassiste et réalisateur Mike Elizondo, associé à Dr. Dre, P!nk, Regina Spektor et Maroon 5. «Il sait exactement combien en ajouter et en enlever pour que tout soit à sa place dans une chanson», dit Sara.

Quant aux paroles déchirantes des textes, il ne faut pas trop s'inquiéter pour la vie amoureuse et personnelle des deux soeurs, ouvertement lesbiennes. «C'est plus facile pour moi d'écrire sur le rejet et les peines d'amour, mais ce n'est pas représentatif d'où nous sommes dans nos vies!», dit Sara en rigolant. Elle était à New York pendant notre entretien téléphonique, mais elle habite à Montréal à temps partiel depuis une dizaine d'années, dans un condo au centre-ville. «J'ai écrit nos trois derniers albums à Montréal. C'est l'endroit où je trouve mon inspiration», signale-t-elle. Elle aime d'ailleurs aller prendre un verre au Pullman et manger chez Nora Gray.

La pop et les arénas

Tegan and Sara ne sont pas les seuls artistes considérés comme «indie» à flirter avec la pop. Plusieurs artistes, dont Diamonds Rings et Rufus Wainwright, ont confié récemment être fascinés par les recettes gagnantes des tubes de Rihanna et être inspirés par la pop de bon goût de Robyn. «Ça me fait penser aux trucs avec lesquels j'ai grandi: Cyndi Lauper, The Eurythmics, Madonna, explique Sara. Au cours des dernières années, il y a des réalisateurs comme The-Dream qui ont fait des trucs intéressants [avec Beyoncé, Rihanna], mais je crois que le groupe qui nous a le plus inspirées est Phoenix. Son album est indie-rock, mais c'est dansant et organique.»

Phoenix a aussi inspiré Tegan and Sara pour la scène, car sa musique se prête aux grands espaces. Sara Quin ne cache pas ses ambitions: elle désire jouer en tête d'affiche dans de grands amphithéâtres. Elle sait de quoi elle parle, puisque depuis 10 ans, Tegan et elle ont assuré les premières parties de Neil Young, The Killers et The Black Keys dans des salles d'envergure.

«Nous avons passé des années à tourner dans toutes sortes d'endroits. La seule chose qui nous manque est d'être la tête d'affiche dans un grand aréna. Pour nous, c'est agréable que ce soit un but», indique Sara.

Si Metric le peut, pourquoi Tegan and Sara ne le pourraient-elles pas?

L'album Heartthrob de Tegan and Sara sort mardi.