Après son duo Taima et son premier album solo folk There Will Be Stars, Elisapie sort mardi un deuxième disque qui s'intitule Travelling Love. Sur des nouveaux airs à la fois berçants et dansants, à la fois modernes et rétro, ses nouvelles chansons témoignent d'une femme qui s'assume tout en réfléchissant aux aléas de l'amour et en regardant bien en avant.

Notre entrevue s'est faite en deux temps avec la belle Elisapie, car nos ondes cellulaires avaient du mal à se rejoindre de Montréal aux Rocheuses. «On est en train de traverser les montagnes à Kelowna», nous disait-elle lundi dernier, à bord de son camion de tournée. « Nous sommes à Canmore, près de Banff. Il y a de la neige... c'est tellement beau!» lançait la chanteuse deux matins plus tard après des heures de route.

Juste avant la sortie de son album Travelling Love, mardi, Elisapie Isaac (qui n'utilise pas son nom de famille) a fait une tournée express de 11 spectacles en 12 jours en première partie de Royal Wood. «Ça se passe super bien», se réjouissait-elle.

Son album (en anglais avec un petit peu d'inuktitut) fait danser et bercer nos oreilles depuis quelques semaines. La chanteuse à la voix feutrée, sensible et enveloppante s'éloigne du folk pour flirter avec la pop-rock sixties et seventies, avec des arrangements électros, des harmonies vocales et des claviers groovy. Le résultat rayonne de rythmes contagieux et d'airs accrocheurs, mais la transition se fait tout en douceur avec des ballades qui viennent ponctuer l'album, sans compter un habillage sonore créatif et lumineux.

«Au départ, je voulais écrire seule chez nous, puis je me suis dit pourquoi ne pas le faire tout de suite avec mes musiciens (Manuel Gasse et Gabriel Gratton), raconte-t-elle. Après deux ou trois titres plus pop, ça allait bien... On s'est dit : pourquoi arrêter?»

Le mot «pop» effrayait Elisapie. «On critique tellement les albums à succès qui jouent à la radio», dit-elle. La chanteuse a finalement décidé de foncer tout en préservant «un équilibre organique et une profondeur avec des tounes plus planantes.» Comme dirait sa compagnie de disques, c'est de la pop polaire.

Éloi Painchaud

À la réalisation, Elisapie a retrouvé Éloi Painchaud, qui a fait équipe avec le claviériste François Lafontaine (Karkwa, Marie-Pierre Arthur).

«J'étais dans le dilemme de vouloir me renouveler, mais d'évoluer avec des gens que je connais. J'ai beaucoup réfléchi... raconte-t-elle. J'ai rencontré François Lafontaine deux fois en tournée et sa vibe m'appelait. Je me suis dit, pourquoi ne pas travailler avec deux réalisateurs? «

Elisapie cosigne certains textes avec Jim Corcoran, avec qui elle a plusieurs fois participé à l'émission Pour un soir seulement, à Winnipeg. «J'ai toujours eu le sentiment que je devais m'asseoir avec cet homme-là», explique celle qui était fort heureuse que l'auteur-compositeur mentor accepte de fignoler ses textes. « Je voulais le feedback d'un anglophone. Il a ajouté les couleurs et la poésie qui manquaient... La langue inuktitute est très réaliste.

Elisapie chante également un duo avec Brad Barr (For Me), qu'elle a rencontrée à Los Angeles, dans le showcase «Québec à Hollywood» organisé par M pour Montréal, l'organisme qui promeut la musique d'ici à l'étranger. «C'est tellement un gars authentique, singulier, doux...», dit-elle.

Pop

Elisapie craignait le mot «pop», mais aussi de faire un album «trop girly». En s'entourant d'hommes pour un album qui respire la féminité, elle s'assurait d'avoir un équilibre «animal» avec un son qui n'est pas «juste doux et léger». «Ils ont été super respectueux envers celle qui raconte ces histoires», ajoute Elisapie.

Ces histoires, c'est le travelling love. L'amour qui nous file entre les doigts, qu'on redécouvre, qui change nos vies du jour au lendemain. «J'ai osé dire des choses très personnelles», dit celle qui s'est séparée du père de sa fille (le comédien Patrice Robitaille).

Elisapie s'est inspirée de sa vie, mais également de celles ses amies. «Je crois beaucoup à la thérapie de gang de filles... décortiquer cette affaire qu'est l'amour qui nous désillusionne.»

Pour Elisapie, Travelling Love représente la fille qui s'assume et qui respire la confiance sans regret à la fois comme femme et musicienne.

Presque 10 ans ont passé depuis que le public a découvert la chanteuse inuk avec un «k» insiste-t-elle au sein du duo folk-rock atmosphérique Taima. «Taima, c'était vraiment une collaboration. Avec mon premier album solo There Will Be Stars, j'ai eu peur de ne pas être à la hauteur, j'étais comme un petit oiseau qui s'envole. Aujourd'hui, j'apprécie tellement la nouvelle femme assumée et plus forte que je suis. «

Avec Travelling Love, Elisapie voit grand et elle prête à faire voyager l'album le plus loin possible. Et on lui donne grandement raison.

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