«Tout est parfait ce soir. Un groupe anglophone, un groupe francophone... Kid Koala. C'est se sentir à la maison», a dit Win Butler, le chanteur d'Arcade Fire.

Il avait bien raison. Deux groupes phares de Montréal: l'un qui fait rayonner la métropole sur la scène internationale et l'autre qui fait connaître le rock francophone à la grandeur du Canada. Arcade Fire et Karkwa sont même les deux derniers gagnants du prix annuel Polaris, qui récompense le meilleur album canadien.

De les réunir hier dans un grand spectacle extérieur gratuit sur la place des Festivals avec Kid Koala, c'était de célébrer la vitalité de la scène musicale montréalaise avec une nouvelle génération de musiciens qui prend sa place. Ils sont des anglos et des francos, et ils viennent d'ici et d'ailleurs.

Une année faste

Pour les deux groupes, la dernière année a été faste et passée sur la route. Après des tournées un peu partout dans le monde en remportant au passage les trophées les plus prestigieux, Arcade Fire est enfin rentré à la maison. Le groupe de Win Butler et Régine Chassagne a donné un premier spectacle au Métopolis avant-hier, le premier en ville depuis leur participation à Osheaga, il y a plus d'un an.

Hier, l'ambiance était tout autre sur la place des Festivals. Arcade Fire a donné sensiblement le même spectacle que la veille (les membres du groupe étaient même habillés pareil), mais avec la soirée d'automne parfaite et la marée humaine réunie au centre-ville, c'était un moment magique d'urbanité et de collectivité.

Et quelle bonne idée d'avoir installé une marquise de cinéma d'époque qui surplombait un écran géant présentant des éléments visuels sur chaque chanson (le spectacle était filmé par un attirail de caméras hier).

«Nos coeurs sont très remplis», a dit Win Butler en donnant le rythme de Keep The Car Running en disant «un, deux, trois, quatre» en français. Cute.

«Chers amis, a lancé Regine Chassagne. J'ai grandi sans sortir beaucoup de la Rive-Sud et de Montréal. Là, j'ai voyagé partout dans le monde dans de grandes villes, et Montréal, c'est vraiment cool!»

Après Haiti et avant Modern Man, Win Butler a fait un plaidoyer pour que Montréal et le Québec participent avec succès à la reconstruction d'Haïti. Régine Chassagne a par ailleurs fait monter sur scène le docteur Paul Farmer, dont elle signe la préface de la biographie.

L'interprétation de Rococo, Month of May (ça rockait!) et Neighborhood #3 (Power Out) a fait lever la foule, même si Win Butler semblait forcer ses cordes vocales. Le public a également pu découvrir Speaking in Tongues, nouvelle chanson où figure David Byrne sur l'enregistrement original. Et soulignons qu'Arcade Fire a joué Neighborhood #2 (Laika), contrairement à la veille.

Comme au Métropolis, il était fascinant de voir à quel point la foule était variée. Arcade Fire a une manière bien à lui de faire affaire avec l'industrie et les médias. Les membres du groupe refusent les compromis et les offres de visibilité qui vont à l'encontre de leur façon de voir les choses.

Mais on ne pourra pas leur reprocher de déplaire à leurs fans montréalais. Avec un spectacle en plein air à Longueuil, un autre au festival Osheaga et un grand spectacle en plein air gratuit sur la place des Festivals, le groupe montréalais qui rayonne davantage sur la scène internationale essaie de rejoindre le plus grand dénominateur commun de spectateurs.

Il sera intéressant de voir ce qu'on dira d'Arcade Fire dans 20 ans. Le premier album, Funeral, était un cri du coeur à l'énergie unique, alors que le troisième, The Suburbs, a de superbes mélodies.

Au moment de mettre sous presse, c'était le rappel qui commençait avec Rebellion (Lies) et c'était beau de voir le centre-ville de Montréal.

Le mur de son de Karkwa

À chaque performance de Karkwa, nous sommes ébahis par le mur de son et la grande maîtrise qui se dégagent des chansons interprétées live.

Hier, Louis-Jean Cormier et sa bande étaient vibrants, particulièrement pendant Le Compteur. Bravo pour le chemin parcouru.