L'Opéra de Montréal promettait une mise en scène «traditionnelle» pour Le Nozze di Figaro - Les Noces de Figaro -, son spectacle d'ouverture de 32e saison. C'est exactement ce qu'il nous donne et c'est très bien ainsi, ses tentatives passées de «relectures» ayant souvent été de risibles échecs. On n'a qu'à se rappeler le désastreux Werther de la saison dernière.

Le spectacle est très long : trois heures complètes de bavardage mozartien, si l'on excepte un unique entracte de 20 minutes. On notera, en passant, que les représentations commencent maintenant à 19 h 30 pile au lieu de 20 h.

Signée Allen Charles Klein, cette production scénique est, somme toute, celle de 2003 : jouant sur des tons de bruns, avec de très beaux décors stylisés et des costumes qui soulignent les différences de classes sociales.

Bernard Uzan - que personne ici n'a oublié ! - avait signé sa dernière mise en scène à l'OdM avec cette production de son ami Klein. Tom Diamond, le metteur en scène torontois invité à monter Nozze dans ces mêmes décors et costumes, a reconstitué fidèlement l'atmosphère de cette «folle journée» multipliant quiproquos, déguisements et situations loufoques où l'émotion et la tendresse ont aussi leur place.

La distribution est très homogène, à une exception près : la Comtesse. «Porgi amor» et «Dove sono», les deux airs où la Comtesse pleure la froideur d'un époux flirtant avec sa propre domestique, et qui sont aussi les plus touchants de la partition, trouvent la soprano américaine Nicole Cabell aux prises avec des problèmes de justesse à peu près constants. Au surplus, la nouvelle venue ne possède aucune présence scénique.

La faiblesse de Mme Cabell est d'autant plus flagrante que tous et toutes autour d'elle sont excellents à tous égards. En fait, la plus intéressante des voix réunies là est celle de Hélène Guilmette et le plus beau moment de pur chant mozartien de la soirée entière est l'air de Susanna, «Deh! vieni, non tardar», au dernier acte, que Mme Guilmette ornemente légèrement vers la fin. Sur le plan du théâtre, sa Susanna est un prodige de vivacité et de finesse.

La minuscule mezzo Julie Boulianne projette assez de voix pour rejoindre la dernière rangée de la corbeille et son personnage de page Cherubino est l'un des joyaux du spectacle : elle adopte la parfaite allure d'un adolescent et elle fait rire toute la salle lorsqu'on l'habille en fille.

Le Comte du jeune baryton Phillip Addis est imposant et racé, avec une voix bien timbrée, et le Figaro du nouveau venu Robert Gleadow, de Toronto, est solide à tous égards et particulièrement redoutable dans sa cruelle tirade sur les femmes.

Les interprètes des petits rôles sont tous à leur affaire, de même que les choeurs. Paul Nadler, vieux routier du Met, dirige avec attention un Orchestre Métropolitain auquel les raffinements mozartiens échappent encore.

«LE NOZZE DI FIGARO», opéra bouffe en quatre actes, livret de Lorenzo da Ponte d'après la comédie Le Mariage de Figaro, de Beaumarchais, musique de Wolfgang Amadeus Mozart, K. 492 (1786). Production : Opéra de Montréal. Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. Avec surtitres français et anglais. Première samedi soir. Autres représentations : 20, 22 et 24 septembre, 19 h 30.

Distribution :

Figaro, valet du Comte Almaviva : Robert Gleadow, baryton

Le Comte Almaviva : Phillip Addis, baryton

La Comtesse Almaviva : Nicole Cabell, soprano

Susanna, femme de chambre de la Comtesse et fiancée de Figaro : Hélène Guilmette, soprano

Cherubino, page du Comte : Julie Boulianne, mezzo-soprano

Le Docteur Bartolo : Alexandre Sylvestre, basse

Marcellina, gouvernante de Bartolo : Aidan Ferguson, mezzo-soprano

Don Basilio, maître de musique/Don Curzio, homme de loi : Aaron Ferguson, ténor

Antonio, jardinier du Comte : Philip Kalmanovitch, baryton

Barbarina : Frédérique Drolet, soprano

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Mise en scène : Tom Diamond

Décors et costumes : Allen Charles Klein

Éclairages : Anne-Catherine Simard-Deraspe

Choeur de l'Opéra de Montréal (dir. Claude Webster) et Orchestre Métropolitain

Direction musicale : Paul Nadler