Ce ne sont pas les spectacles de musique qui manquent à Montréal ce week-end. Ce soir, Katy Perry se produit au Centre Bell. Demain, elle laissera la place à Weezer. Entrevue avec le batteur et guitariste Pat Wilson.

L'an dernier, personne n'aurait pu prévoir le spectacle survolté et délirant que Weezer a donné au festival Osheaga, au parc Jean-Drapeau. Rivers Cuomo avait le feu aux fesses, courant dans la foule avec une casquette des Expos sur la tête.

«J'ai rencontré Sonic Youth à Osheaga, donc c'était cool, lance Pat Wilson, batteur et guitariste de Weezer. J'aime aller à Montréal.»

Le groupe revient en ville demain au Centre Bell, avec un spectacle concept. «On va jouer le Blue Album et Pinkerton d'un bout à l'autre», indique Wilson.

The Pixies a fait une tournée en interprétant l'intégralité de Doolittle, tout comme Bruce Springsteen avec Born To Run et Green Day avec American Idiot. Pourquoi cette tendance? «Ce sont tous des albums auxquels les gens s'identifient beaucoup», répond Pat Wilson.

Pour beaucoup de gens de la génération qui ont grandi avec MusiquePlus, l'album bleu de Weezer est un classique, tout comme le clip de sa chanson Buddy Holly. Sorti en 1994, le disque était garni de succès allant de My Name is Jonas à In the Garage, en passant par Undone (the Sweater Song) et Surf Wax America. En mars 1995, ma collègue Marie-Christine Blais avait écrit dans ces pages que le spectacle donné par Weezer au Spectrum avait été une soirée exceptionnelle et que la foule était composée de fans âgés en moyenne de 14 ans (une jeune fille portait même un t-shirt de Robin et Stella).

Lancé en 1996, Pinkerton n'a pas connu le même impact commercial, mais il a obtenu un grand succès critique. Moins power-pop que son prédécesseur, Pinkerton était audacieusement plus sombre et plus complexe, à l'image de la personnalité variable et torturée de son chanteur Rivers Cuomo, devenu depuis un grand adepte de la méditation.

«Nous étions jeunes. Nous faisions ce que nous jugions cool de faire», dit Patrick Wilson.

Depuis Pinkerton, Weezer a sorti six albums, dont le dernier, Hurley, paru en septembre dernier. «Tous nos albums sont différents», dit Wilson.

Mais après toutes ces années, les membres de Weezer retrouvent le simple plaisir de faire de la musique ensemble comme à l'époque où ils ont déménagé à Los Angeles dans l'espoir de percer. «Nous revenons à la base d'être tous les quatre dans le studio, dit Wilson. Nous sommes ensemble depuis 20 ans. C'est bien d'avoir du plaisir.»

Récemment, on a vu une vidéo de Weezer reprendre Paranoid Android de Radiohead. Rivers Cuomo a aussi accepté de chanter avec Simple Plan. «On fait ce qui nous tente», résume Pat Wilson.

Weezer n'est plus avec le major Geffen. Le quatuor a rejoint l'étiquette Epitaph, fondé par Brett Gurewitz, le guitariste de Bad Religion. «Nous étions avec Geffen depuis tellement longtemps. L'industrie a beaucoup changé et Geffen était trop corporate

Le groupe se limite aujourd'hui à une quarantaine de spectacles par année. «C'est dur de partir en tournée. Nous avons des familles», dit Wilson, père de deux garçons.

Sur scène, Wilson passe de la guitare à la batterie. «Quand je suis à la guitare, ça permet à Rivers de se concentrer sur son chant et de jouer avec la foule.»

On ne peut qu'espérer que Cuomo soit aussi en forme demain au Centre Bell qu'à Osheaga.

Weezer, au Centre Bell, dimanche à 20h.