Son père est Gilles Garand et sa mère, Louise de Grosbois. Ses parents sont tous deux au coeur de La Grande Rencontre, sommet annuel des musiques traditionnelles d'ici et d'ailleurs qui bat son plein ce week-end au Coeur des sciences de l'UQAM. Le paternel en assume la direction artistique, la maman, la coordination. Prédisposé aux musiques patrimoniales, Alexandre de Grosbois-Garand, 34 ans, est le digne fils de ses parents sans être le «fils de» pour autant.

Passionné de son art, rassembleur, barde compétent au sein du trio Genticorum qui vient de lancer Nagez rameurs sous étiquette Roues et Archets, quatrième opus depuis sa fondation en l'an 2000, il résume sa trajectoire.

«En 1994, La Grande Rencontre existait depuis deux ans, je baignais déjà là-dedans. Avec mes parents, cette année-là, j'avais passé cinq semaines en Bretagne et au centre de la France. J'avais assisté à des bals folk et des fest-nozs. Des milliers de musiciens professionnels et amateurs venaient y jouer, ça m'avait vraiment marqué.

«Au Québec, La Bottine souriante commençait l'aventure des cuivres et moi, je jouais la basse au sein du groupe Orange Étrange, finaliste à l'Empire des futures stars en 1997. J'aimais les rythmes funky ou latins. La Bottine, c'était venu me chercher pas mal, car il y avait aussi des cuivres dans mon groupe. Durant cette période, j'avais aussi été très influencé par le renouveau celtique des années 90, le groupe irlandais Lunasa par exemple. Idem pour le renouveau du folklore scandinave avec des groupes phares comme le trio suédois Väsen.»

On aura compris que le jeune homme avait trouvé sa voie. Alexandre a d'abord fondé Perdu l'Nord, dans la mouvance d'un renouveau trad québécois. «Le groupe n'existe plus malheureusement, mais il a connu de bonnes années. Après quoi, j'ai cherché des musiciens qui avaient la flamme. Quand j'ai rencontré Pascal Gemme et Yann Falquet, j'ai réalisé qu'on partageait la même passion.»

Ainsi est né Genticorum. Alexandre joue de la basse électrique, de la flûte traversière irlandaise, du violon et il chante. Pascal joue du violon, chante et assume la direction des arrangements. Yann joue de la guitare et chante. À l'instar d'une nouvelle génération de folkeux en Occident, Genticorum est constitué de trois musiciens instruits, qui savent lire et arranger la musique. Fin de la tradition orale? Il semble que oui, ce qui n'empêche pas la collecte des vieux airs, vieux textes, vieilles façons de jouer.

«C'est sûr que notre bagage musical diversifié paraît dans notre façon de jouer ou d'arranger. Mais on essaie autant que possible de ne pas calquer les styles de manière évidente tout en laissant percevoir subtilement nos influences. Alors certaines pièces sont vraiment traditionnelles pendant que d'autres sont plus transculturelles, plus modernes - couleurs funky, jazzy ou modales, approche d'esprit plus rock, harmonisations plus étoffées, contrepoint flûte-violon, etc. On essaie de s'améliorer en tant que musiciens, de pousser plus loin les arrangements musicaux. La continuité, quoi.»

Thème

Genticorum présente annuellement une centaine de concerts en Amérique du Nord, en Europe comme en Océanie. On ne s'étonnera pas que cette thématique rejaillisse sur le nouvel album.

«On a un thème pour la première fois. Plusieurs chansons suggérées parlent des voyages d'antan et de périodes un peu plus récentes. Dans le texte de Jean-Paul Guimond, par exemple, le narrateur se promène de par le monde pour y découvrir que les robes y sont plus courtes ailleurs! (rires)»

Fine ligne

Traditionnel ou moderne, en somme, Genticorum?

«Je dirais qu'on se tient sur la fine ligne entre les deux. Pour les puristes, ce qu'on fait n'est presque pas de la musique traditionnelle tellement c'est moderne. Or, pour le grand public, ce qu'on fait est vraiment traditionnel. C'est une des raisons de notre succès: on plaît à la fois aux amateurs purs et durs et aux profanes.

«Nous sommes nourris par les porteurs de tradition et nous écoutons toutes sortes de musiques non traditionnelles. Nous respectons ces deux mondes en offrant des musiques qui nous ressemblent. En ce sens, nous essayons de rester intègres avec la musique traditionnelle tout en essayant de la mener ailleurs.»

Genticorum se produit ce soir, à 20h, au Coeur des sciences de l'UQAM, dans le cadre de La Grande Rencontre. Pour infos: www.granderencontre.com