En 1992, la chanteuse Sylvie Tremblay et la chroniqueuse-metteure-en-scène-écrivain Hélène Pedneault surprenaient tout le monde avec un très joli spectacle: Viens, on va se faciliter la vie, où leurs deux voix et leurs deux univers se mêlaient avec grâce et affection. Près de 20 ans plus tard, Hélène Pedneault n'est plus - le cancer l'a emportée en 2008 -, mais une troisième voix prend le relais: celle de Monique Fauteux. Vendredi, au Gesù, Monique et Sylvie chanteront Hélène et Sylvie...

Est-ce la faute des mots écrits par Hélène Pedneault, affirmant dans un même souffle qu'elle n'avait pas besoin d'être protégée tout en révélant à quel point elle en avait besoin? Est-ce celle de la voix de Sylvie Tremblay, dont la beauté ne se dément pas, quand elle a entonné Un p'tit air? Celle de Monique Fauteux qui vient remuer des souvenirs? Toujours est-il que la journaliste s'est mise à pleurer en écoutant un extrait du spectacle Viens, on va se faciliter la vie récité, chanté et joué au piano dans un salon, en pleine lumière du matin, loin des projecteurs... C'était juste trop beau, trop touchant, ça «vulnérabilisait» complètement, et le professionnalisme a comme juste sacré son camp, sortie côté jardin.

Sylvie Tremblay, Monique Fauteux et Alain Labonté (relationniste, parolier et fervent supporter de l'organisme Les Impatients) ont décidé de produire cette reprise du spectacle parce que... «Parce que je m'ennuie d'Hélène», dit Alain Labonté. «Parce que personne n'a pris la place de cette belle grande gueule», ajoute Sylvie Tremblay. «Parce que c'était mon amie», conclut Monique Fauteux. Disparue en décembre 2008, Hélène Pedneault a laissé des centaines et centaines d'amis orphelins. L'an dernier, il y a eu un spectacle musical à sa mémoire au Lion d'or, certains de ses textes ont été lus dans le cadre du festival littéraire Métropolis bleu... Cette fois, c'est bel et bien le spectacle tel qu'imaginé par Pedneault l'écrivain (et incessante idéatrice!) qui sera présenté au Gesù.

«On n'a aucune prétention, explique Sylvie Tremblay, on voulait juste reprendre la mise en scène qu'Hélène avait faite pour ce spectacle qu'on a présenté une couple de centaines de fois à l'époque (entre 1992 à 1995), on avait le goût de faire réentendre ses textes, ses présentations, ses chansons (écrites pour Tremblay, Geneviève Paris, etc.), c'est tout.» «Et puis, le mois de mars devrait lui être consacré, dit en riant Monique Fauteux, au moins le 8 mars, elle a tellement fait pour la cause des femmes et Mars, c'est le dieu de l'indignation! Je ne prends pas la place d'Hélène, prend la peine de préciser la discrète Monique, je m'assois juste un peu dans son fauteuil pour qu'on l'entende encore.»

C'est donc à partir d'une copie du programme, tel que conçu par Hélène Pedneault, que la soirée se déroulera, avec principalement des textes de l'auteure publiés dans son beau recueil La douleur des volcans (publié en 1992) et des chansons tirées des trois disques de Sylvie Tremblay.

Connue aussi notamment pour son rôle de Béline dans le téléroman Bouscotte, Sylvie Tremblay, qui vit désormais à Québec, enseigne l'expression théâtrale à l'université et travaille en photographie. Monique Fauteux, alias «la voix féminine d'Harmonium», est une «coach vocale» particulièrement prisée, et ils sont des milliers à avoir pu apprécier son travail dans Belles-soeurs et La mélodie du bonheur, pour ne nommer que les deux plus récentes productions auxquelles elle a prêté son talent. Toutes deux jouent du piano, et se relaieront donc pour s'accompagner mutuellement, de la voix et des mains. «C'est comme un repos quand on réussit enfin toutes les deux à se retrouver ensemble pour travailler à notre spectacle, dit Sylvie Tremblay, et ça me fait plaisir qu'on pratique dans le sous-sol de Monique: Hélène adorait les sous-sols!» «Et, moi, ça m'a fait tellement plaisir quand Sylvie m'a appris que La mélodie du bonheur était la comédie musicale préférée de tous les temps d'Hélène,» ajoute Monique la réservée. «Ce n'est pas une performance qu'on va faire, reprend Sylvie Tremblay, c'est un spectacle tendre... Veux-tu qu'on t'en fasse un petit bout?»

C'est là que Monique Fauteux et Sylvie Tremblay se sont mises à dire, chanter et jouer au piano un extrait de Viens, on va se faciliter la vie, dans un salon, en pleine lumière du matin, loin des projecteurs...

Viens, on va se faciliter la vie, avec Sylvie Tremblay et Monique Fauteux, vendredi, 4 mars, 20h, au Gesù.