Avec deux albums dans sa poche, Vampire Weekend est un groupe indépendant qui connaît un succès mainstream. En vue du spectacle que le quatuor new-yorkais donnera mercredi au Métropolis, entrevue avec le claviériste et réalisateur Rostam Batmanglij, qui ne s'en fait pas trop avec une poursuite de 2 millions qui lui pèse sur le dos.

Après avoir fait la tournée de plusieurs festivals cet été, Vampire Weekend a amorcé une tournée il y a une semaine, à Vancouver. «Nous avons pratiqué aujourd'hui et préparé des chansons que nous n'avions jamais joué live», a indiqué à La Presse le claviériste et bidouilleur Rostam Batmanglij, quelques heures avant de monter sur scène.

Tout va bien pour Vampire Weekend, dont le deuxième album, Contra, a été lancé en janvier dernier, sauf peut-être l'«ex-jeune mannequin» aux cheveux blonds qui figure sur la pochette - une vieille publicité de Polo datant de 1983 - qui a poursuivi le groupe pour 2 millions de dollars.

Rostam Batmanglij ne peut pas commenter l'affaire qui est devant les tribunaux, mais il n'a pas trop l'air de s'en faire pour autant. Le premier spectacle de la tournée ne l'énervait pas plus. «Nous allons jouer presque toutes les chansons de nos deux albums», a-t-il annoncé en prévision de son arrêt à Montréal.

Les choses se sont bousculées pour Ezra Koenig, Chris Baio, Rostam Batmanglij et Chris Tomson, qui se sont connus à l'Université Columbia et qui ont formé un band en 2006. À cette époque, gagner leur vie avec la musique n'était pas un but bien précis, mais une «possibilité», indique Rostam Batmanglij, qui se souvient de vouloir jouer de la flûte alors qu'il était presque encore aux couches.

Mosaïque musicale

Merci à l'internet, le quatuor de New York a eu droit à un gros buzz avant la sortie de son premier album éponyme, sorti en janvier 2008. C'était un son nouveau: du indie-rock enrobé d'arrangements world et africains avec une touche dansante de ska.

«Quand nous avons commencé le band, j'écoutais beaucoup une artiste qui s'appelle Brenda Fassie (une chanteuse pop sud-africaine), raconte Batmanglij. Il y a une tendance occidentale à vouloir garder la musique africaine traditionnelle, mais il y a aussi beaucoup de dance et d'électronique.»

La guitare est néanmoins bien présente dans les chansons de Vampire Weekend, et il y a aussi quelque chose de très naturel et brut dans l'instrumentation. «Nous aimons les chansons pop des années soixante, le minimalisme et la musique classique», ajoute le chanteur d'origine iranienne.

Beaucoup de gens ont reproché à Vampire Weekend d'avoir fait un premier album qui ressemblait trop à Graceland de Paul Simon. «Nous avons posé la question à Paul Simon, raconte Rostam Batmanglij. Il a dit non. Il trouve que nous avons un côté punk qu'il n'avait pas.»

Cela n'a pas empêché l'album éponyme de Vampire Weekend, lancé sur XL Recordings, de connaître beaucoup de succès. Le «meilleur nouveau groupe de l'année», a déclaré Spin, avant que Ian Montone, l'agent des White Stripes, se mette à s'occuper de la carrière du quatuor.

Contra, réalisé en grande partie par Batmanglij, est dans la lignée du premier disque, avec plus d'aplomb et de finition, et davantage d'arrangements électroniques. Il faut savoir que Batmanglij a un projet électro parallèle, Discovery, avec Wes Miles du groupe Ra Ra Riot.

À sa première semaine de sortie, Contra a été l'album le plus vendu aux États-Unis. Pour reprendre l'expression d'un collègue du Vancouver Sun, c'était un blockbuster indie. «La pression était forte donc nous avons fait un bon album», dit Batmanglij avec l'assurance insouciante qui le caractérise.

Vampire Weekend, dont l'une des chansons figure sur la dernière bande originale de Twilight, fait partie de ces groupes indépendants qui ont un succès mainstream. «C'est bien, dit Rostam Batmanglij. Car en même temps, on préserve notre truc.»

Vampire Weekend, au Métropolis le 8 septembre, 20h. En première partie: Dum Dum Girls.