Le légendaire chanteur, producteur, compositeur et opérateur de sound-system Sugar Minott, passé à l'histoire en tant que «père du dancehall», est décédé samedi soir dans un hôpital de Kingston, en Jamaïque, où il était confiné depuis le début du mois de mai pour cause de maladie cardiaque (angine. L'artiste, qui a marqué son époque par son approche visionnaire de la pop jamaïcaine et grâce à ses nombreux succès, avait 54 ans.

La nouvelle du décès de ce pilier du reggae a d'abord été rapportée cet avant-midi par des sites spécialisés en musique jamaïcaine, puis propagée via les réseaux sociaux, avant d'être confirmée par le service d'information de la station radio Irie FM, basée à Ocho Rios, en Jamaïque, qui lui a rendu hommage en musique durant l'après-midi.

Durant sa prolifique carrière solo, Sugar Minott (né Lincoln Barrington Minott) a révolutionné la scène reggae en popularisant le son dancehall, dès la fin des années '70, un son qu'il a peaufiné ensuite au milieu des années '80.

Minott fut le premier à endisquer ses propres chansons originales sur des riddims (des instrumentaux) populaires dix ou quinze ans auparavant, une pratique qui n'avait pas encore été adoptée en studio. Le succès de ses enregistrements donnait ainsi naissance au style dancehall (ainsi nommé puisque cette pratique était déjà en cours en spectacle, durant les fêtes dancehall) et confirmait cette tendance au «recyclage musical» que l'on observe depuis sur la scène musicale jamaïcaine.

D'abord actif au sein du groupe reggae African Brothers, Minott fut intimement associé au mythique Studio One de Sir Coxsone Dodd. Les premiers albums, classiques, de Sugar Minott, Live Loving (1978) et Showcase (1979, réédités par le label Soul Jazz), mettent en vedette sa voix douce et enjouée et son oreille pour les mélodies accrocheuses, le tout sur les rythmiques d'anciens succès ska, rocksteady et early reggae du mythique label qui, fin '70, commençait déjà à perdre de son influence.

« 'ai ressuscité Studio One!», nous rappelait Sugar Minott, lors d'un entretient qu'il nous avait accordé l'année dernière, en marge de son concert au Festival international reggae de Montréal, sa deuxième visite chez nous en dix ans (Pop Montréal l'avait invité en 2004).

Après une brève association avec Studio One, Sugar Minott avait fondé dès 1980 son propre label (Black Roots) et sa boîte de production destinée aux nouveaux artistes, Sound Youthman Productions, qui a lancé la carrière de nombreux artistes, Junior Reid, Garnett Silk et plusieurs autres.