Un pianiste virtuose américain de 13 ans, originaire de Los Angeles, a conquis le public irakien samedi soir lors d'une rare apparition en qualité de pianiste invité de l'Orchestre symphonique national irakien à Bagdad, une ville qui peine à faire revivre sa scène culturelle jadis vibrante.

Llewellyn Werner, qui étudie le piano et la composition dans la très célèbre école Juilliard de New York, a été salué par une ovation debout après avoir joué «Rhapsody in Blue» de George Gershwin et serré dans ses bras le chef d'orchestre.

La plupart des 250 auditeurs présents à l'hôtel Rachid de Bagdad étaient Irakiens, bien que quelques soldats américains étaient également présents. «C'était tout bonnement incroyable», a commenté cet adolescent fin et énergique, aux cheveux bruns ondulés. «On s'est bien trouvés avec cet orchestre. J'aime cette spontanéité», a-t-il dit à l'Associated Press.

Llewellyn est arrivé vendredi dans la capitale irakienne pour la première fois avec sa mère et son père. «Je n'avais jamais rien vu de tel avant», a-t-il dit, décrivant les murs anti-explosions, les postes de contrôle et les barbelés qui ont défilé sous ses yeux entre l'aéroport et son hôtel de la zone verte.

«Plusieurs erreurs de mon pays ont été commises sur le plan de l'invasion et de l'occupation. Ma présence ici aujourd'hui est une façon de montrer que les États-Unis ont beaucoup de belles choses à offrir», a-t-il ajouté. «Je voudrais rapprocher les Irakiens et les Américains. Je suis impatient de faire la différence».

Son père, Llewellyn Werner Sr, travaille à Bagdad avec sa société d'investissement depuis trois ans pour le ministère américain de la Défense. Il a rencontré le chef d'orchestre de l'Orchestre symphonique d'Irak et lui a proposé que son fils vienne jouer. «Mon fils (...) est venu ici sans crainte car il croit au pouvoir de la musique d'abattre les barrières».

L'Orchestre symphonique national avait cessé d'exister après l'invasion américaine de 2003, car de nombreux musiciens ont fui dans les pays voisins. Karim Wasfi l'a remonté en 2005 avec 50 musiciens et il comprend aujourd'hui 90 musiciens. «Même au plus fort de la violence entre communautés, j'ai convaincu des membres de l'orchestre de jouer et de s'entraîner», a expliqué le chef d'orchestre. «Nous jouerons quoiqu'il arrive afin de donner un sentiment de normalité aux gens».

L'orchestre joue deux fois par mois à Bagdad et fait des concerts en Irak. C'est la première fois qu'il accueille un invité américain. Le gouvernement irakien lui a alloué 120 000 dollars de budget de fonctionnement et a donné son accord à la construction d'un opéra.