Des costumes extravagants, des concerts démesurés et un personnage hors-norme... Lady Gaga, en concert en France à partir de vendredi, est devenue en moins de deux ans une star planétaire qui fascine le grand public et attire les créateurs, un phénomène inédit depuis Madonna.

Lady Gaga a vendu 10,5 millions d'albums dans le monde avec The Fame (2008) et The Fame Monster, une nouvelle édition agrémentée d'inédits parue en 2009. Elle est la première artiste dont les clips ont été visionnés plus d'un milliard de fois sur internet, selon la société d'études Visible Measure.

Comme Rihanna, Katy Perry ou Beyoncé, elle mélange dance, pop et rock sur des titres efficaces (Poker Face, Paparazzi, Bad Romance...), affiche un look ultra-sexy et produit des shows à la mise en scène hollywoodienne.

Mais, à seulement 24 ans, c'est elle qui a été élue «personnalité la plus influente» dans le domaine artistique en 2010 par le magazine Time.

«Le rôle d'un artiste est de prendre un instantané reflétant ce que c'est de vivre à un moment donné. Lady Gaga capte la période actuelle», expliquait la chanteuse Cindy Lauper dans le prestigieux hebdomadaire.

Née dans les beaux quartiers de New York, Stefani Germanotta de son vrai nom est passée par la réputée université de Tisch School of the Arts et s'est frottée au monde de la nuit en enchaînant les boulots de serveuse et de gogo-danseuse.

C'est là que cette fan de Bowie et de Queen a construit un univers, mélange de «monstrueux, de bizarre, d'absurde et de légèreté dans l'extravagance», selon les mots de Jean-Charles Castelbajac, un des couturiers qui travaillent régulièrement avec elle.

«Elle nous parle d'une autre beauté, transcendée par la monstruosité», souligne auprès de l'AFP M. de Castelbajac, qui a dessiné la robe noire et blanche aux immenses épaules qu'elle porte au début du clip Telephone.

«Elle ne fait pas semblant d'être belle, elle met en avant qui elle est», poursuit-il. Ce qui donne à la star, icône fashion sans pour autant être prescriptrice de mode, une «dimension politique et militante».

Comme Madonna, Lady Gaga sait s'entourer - notamment du styliste-star Nicola Formichetti -, tout en gardant le contrôle sur son personnage.

Aidée par un collectif de stylistes et de designers baptisé «Haus of Gaga», elle travaille comme un bureau de style, collectant extraits de films, imagerie vintage, croquis de mode...

«Elle a une capacité à se renouveler assez impressionnante. Les gens n'ont pas le temps de s'y habituer et donc de se lasser et de passer à autre chose», témoigne Guénaël Geay, directeur marketing international de Polydor (Universal).

Lady Gaga sait aussi pleinement utiliser les codes de la célébrité «made in internet» pour durer.

Pour pallier les réductions budgétaires des maisons de disques, elle n'hésite pas à truffer de sponsors ses vidéos aux allures de véritables films.

Cajolant ses fans, elle supervise son compte Twitter et sa page Facebook et a publié des oeuvres et des photos de ses «petits monstres» dans le livret de l'édition «super deluxe» de The Fame Monster, qui contenait même une mèche de sa perruque.

«Elle est à la fois inaccessible et accessible. Elle a le côté inaccessible, parce que complètement hors-normes, des stars des années 80, et le côté accessible de 2010, où les gens ont besoin d'avoir un lien direct avec l'artiste. Et c'est ça qui plaît», souligne Guénaël Geay.

Lady Gaga sera en concert vendredi et samedi à Paris-Bercy et le 25 mai à Strasbourg, puis le 22 octobre à Paris-Bercy et le 2 décembre à Lyon.