Le guitariste Slash a eu une impression de déjà-vu dans une chambre d'hôtel, récemment, lorsqu'un photographe et son assistant ont semé le chaos dans la pièce, déplaçant et remplaçant meubles et accessoires dans l'espoir de créer le décor parfait pour une session de photos.

Slash les a simplement observés, un sourire aux lèvres, mentionnant qu'il se sentait «comme dans le bon vieux temps».

L'expression «vieux temps» est certes appropriée, l'époque où le musicien s'amusait à détruire des chambres d'hôtel étant chose du passé. L'ancien guitariste de Guns N' Roses s'apprête maintenant à passer à une autre étape de sa carrière avec la sortie, mardi, de son premier album solo.

L'album éponyme contient des sonorités que reconnaîtront les admirateurs du guitariste, et on y entend la voix de plusieurs artistes invités, dont Ozzy Osbourne, Lemmy, Chris Cornell et Kid Rock.

Le musicien croit cependant qu'un tel album n'aurait pas pu être créé à un autre moment de sa carrière. Slash, qui a déjà eu des problèmes de dépendance à l'héroïne et à la cocaïne, affirme qu'il est sobre depuis maintenant trois ans et demi, ayant même réussi à cesser de fumer.

Il croit toutefois qu'il n'aurait pas pu attirer tous les collaborateurs qui ont travaillé sur son album à l'époque où il consommait, car ceux-ci ne l'auraient sans doute pas pris au sérieux.

«Il faut vraiment être au sommet de sa forme pour organiser tous ces trucs et il faut que les gens croient suffisamment en toi pour te donner de leur temps. Si tu donnes l'impression d'être dans un état second et que tout est une blague pour toi, les gens ne te prendront pas au sérieux», a-t-il confié.

Slash, né Saul Hudson, jonglait avec l'idée de produire un premier album solo depuis l'écriture de son autobiographie, en 2007, mais c'est après sa tournée avec Velvet Revolver qu'il s'est véritablement mis à la tâche.

«La dernière année de Velvet Revolver a été très frustrante, avec ces histoires avec (l'ancien chanteur) Scott (Weiland) et tous ces autres trucs, admet le guitariste. Je me suis dit que j'avais besoin de prendre un moment pour faire quelque chose pour moi.»

L'idée d'une carrière solo a certainement dû plaire à Slash, qui a connu des situations difficiles en groupe par le passé, non seulement avec Scott Weiland, mais aussi avec Guns N' Roses, des tensions au sein du groupe ayant provoqué son départ officiel de la formation en 1996.

Bien qu'il assure qu'il aime faire partie d'un groupe, il semble aussi apprécier la liberté associée au travail en solo. «Je crois que j'en suis arrivé à un point, après 30 ans à faire partie de groupes, où je voulais simplement voir ce que je pouvais faire seul, confie-t-il. (Je voulais) être sur le siège du conducteur du début à la fin, choisir le producteur, choisir les musiciens et, inévitablement, choisir toutes les voix qui accompagnent les mélodies que j'écris.»

Slash a composé la musique de son album, mais a choisi de ne pas s'occuper des paroles. «J'ai de la difficulté à coucher mes pensées et mes sentiments sur papier», explique-t-il.

Il a donc envoyé la musique à ses collaborateurs invités et leur a demandé d'écrire les paroles.

Iggy Pop était si enthousiaste à l'écoute du matériel envoyé par Slash qu'il a laissé au guitariste un message vocal frénétique dans lequel il criait certaines des paroles qu'il avait en tête pour We're All Gonna Die. Ozzy Osbourne a pour sa part invité Slash chez lui pour lui chanter ce qu'il avait en tête pour Crucify the Dead.

Au final, Slash s'est reconnu dans plusieurs des paroles de chansons écrites pour l'album. Doctor Alibi, dont les paroles ont été composées par Lemmy de Motorhead, parle d'une personne qui reçoit deux diagnostics différents de la part de deux médecins: un qui conseille d'abandonner la folle vie nocturne et un autre qui l'encourage.

«Je suis parfois passé bien près d'y rester, avec toutes mes histoires de consommation. Je peux certainement m'identifier à cette chanson, lance Slash en riant. Ces paroles sont spéciales pour moi.»