Décidément, c'est l'année des grands retours. Après Donald Lautrec, ressuscité d'entre les morts, voici Nicole Martin qui ressurgit des limbes du passé avec Cocktail de douceur, un 26e album aux couleurs suaves et jazzy.

Il y a 15 ans que Nicole Martin n'avait pas lancé de disque. Sa dernière galette, parue en 1994 (Le goût d'aimer), n'avait pas vraiment fonctionné. Démotivée, la chanteuse s'était retirée pour devenir productrice. Un choix heureux puisque la collection Ce soir on danse! (pots-pourris pour le party), lancée avec son mari et agent Lee Abbott, avait marché très fort.

 

Puis, en 2001, la dame a pris de vraies vacances. Pendant huit ans, elle a vécu la vie de (jeune) retraitée, loin de l'industrie. Repos bien mérité, dit-elle. «J'étais dans le métier depuis l'âge de 12 ans. J'avais travaillé très fort. Je n'avais jamais arrêté. Pour être honnête, je ne pensais pas revenir à la musique.»

Mais voilà: après huit ans de pause, à faire du vélo stationnaire et à pianoter dans la maison, Nicole Martin a senti l'appel du micro.

C'est une invitation au 40e anniversaire de Patrick Huard, l'été dernier, au festival Juste pour rire, qui a tout déclenché. La chanteuse, qui n'était pas montée sur une scène depuis 1991, a interprété son classique Il était une fois des gens heureux. Malgré le trac, elle a rendu des gens heureux, et elle a de nouveau senti la piqûre. Il n'en fallait pas plus pour lui redonner le goût d'enregistrer.

«Je voulais me faire plaisir, explique la chanteuse de 60 ans. Et je me suis dit que si je ne le faisais pas maintenant, je ne le ferais pas dans 10 ans.»

Comme Rod Stewart

L'idée de reprendre des standards de jazz lui a été soufflée par l'animateur Paul Arcand, qui lui a suggéré de faire comme Rod Stewart, lequel avait connu un regain de popularité avec sa série Great American Songbook.

La femme d'affaires a trouvé le concept séduisant La fan de jazz aussi.

«J'ai toujours écouté ce genre de musique, dit-elle. Quand j'ai commencé dans les bars comme organiste, je jouais du Jimmy Smith. C'est une musique qui fait partie de moi.»

Sachant cela, on s'étonne que Mme Martin n'ait jamais songé à un tel projet auparavant. La chanteuse affirme que, à l'époque de sa grande gloire, dans les années 70, le public n'aurait «pas été prêt»... Mais aujourd'hui, en voyant le succès de Rod Stewart, elle croit que le projet était mûr.

Le choix des 13 titres a été fait parmi 130 chansons, indique la chanteuse. Qui a finalement jeté son dévolu sur des classiques de Sinatra, Gershwin, Montand, Trenet, Nat King Cole ou Billie Holiday. Une partie des chansons a été traduite en français, alors que le cocktail musical - très en douceur indeed - est l'affaire du groupe de Julie Lamontagne.

Contrairement à 99,9% des gens de l'industrie, Mme Martin et Lee Abbott croient que c'est une très bonne période pour lancer un CD. «La business a changé, lance M. Abbott. On dirait qu'il y a plus de journaux, de radios, de télés pour se faire entendre.»

Cela se traduira-t-il en ventes de disques? On verra bien. Mais chose certaine, avec sa compagnie, Disques DIVA, le couple mène une campagne de promotion intensive pour que ça marche.

«C'est une grosse folie, admet Nicole Martin. Ça tourbillonne. Ça va vite. Il y a la promo. La coiffure. La radio. La télé. Je suis débordée! Mais je suis contente de le faire.... Bien sûr que j'ai des doutes. J'espère plaire. J'espère que mes fans vont suivre. Si ça fonctionne, on verra pour des spectacles.»