La Belgique est représentée cette année au Coup de coeur francophone par deux jeunes formations, la très rock One Day Clinic et, du côté plus pop, le quatuor Suarez, produit d'une rencontre heureuse entre un Wallon et trois Malgaches dont s'est entiché Universal Musique en France.

Après Saule et ses Pleureurs, voici que Suarez bâtit des ponts entre le plat pays et la Belle Province.

«C'est vrai que Saule a été le petit déclencheur en Belgique du renouveau de la chanson française. Lui et la création de la maison de disques Bang!», estime Marc Pinilla, chanteur et guitariste de Suarez, nouvelle sensation de la chanson wallonne.

Saule, on connaît bien: le grand gaillard a la plume belle et habile. Lui et ses Pleureurs ont convaincu les amateurs de chanson au Québec qu'il y avait plus à la chanson belge que Maurane et Axelle Red (et Arno, et Brel, bien sûr). Bang!, distributeur indépendant, a converti une partie de ses opérations en étiquette de disques. Ils ont notamment soutenu Été 67, Sacha Toorop et Girls in Hawaii.

«Tout ça a créé une sorte de synergie qui fait que notre chanson a été bien médiatisée en Belgique, ce qui ne s'était vu depuis longtemps, ajoute le chanteur. Nous avons profité de ça, c'est toute la scène francophone belge qui en profite. Trop souvent, il y a des jeunes groupes qui commencent à chanter en anglais, alors qu'ils ne savent même pas le parler.»

Pinilla en sait quelque chose: lui-même tâtait de la pop à l'anglaise avant de se lancer dans Suarez. Dans son petit studio de Mons, au sud-ouest de Bruxelles, il développait ses projets jusqu'à ce que se pointent trois musiciens, arrivés de Madagascar, via la France.

Dada Ravalison (bassiste) et les frères Pata (batteur) et Maximin (guitariste) Randriamanjava avaient leur propre groupe, N'java, bien implanté dans les circuits world européens, mais finalement assez éloigné du style musical pratiqué par Suarez.

«C'est un groupe de pop en français, avec un côté ensoleillé, de par la composition des membres. Les trois autres mettent une touche vraiment différente à la chanson qu'on fait», explique Marc. Un exotisme discret, suggéré, plus que mis de l'avant, donne une saveur fleurie aux compositions du groupe.

«Indéniablement, même s'ils font de la pop aujourd'hui, c'est le sang malgache qui coule dans leurs veines», ajoute-t-il. C'est là tout le charme des chansons de Suarez (soit dit en passant, l'ancien nom d'une ville de Madagascar), qui a débuté sous un autre nom il y a trois ans, s'illustrant dans les concours de la relève belge, notamment lors des FrancoFolies de Spa.

Le groupe Suarez jouit d'un franc succès en Belgique, propulsé par des succès radio tels que On attend et La vie en rose, attachantes et simples ritournelles. La France s'est ensuite intéressée à leur cas et même nous ici. Suarez a participé à nos Francos l'été dernier, à l'affiche de la Tournée des Francos, avec La Casa (de France) et Alfa Rococo. Ce soir au Lion d'or, Suarez partage l'affiche avec le Suisse Jérémie Kisling, belle affiche qui témoigne de la vitalité de la francophonie chansonnière.

En un mot

Quatuor de chanson pop wallon qui traverse le mur du son français pour se faire entendre.

Dernier album

On attend, Bang/Go-Musique, 2009.