Hier soir, à New York, Gonzales participait à un combat de pianos avec le pianiste rock Andrew W.K.. Rien d'étonnant pour quiconque s'intéresse à la carrière de cet artiste qui a grandi à Montréal sous le nom de Jason Beck avant de se réinventer en Chilly Gonzales, MC électro à Berlin, puis en Gonzales tout court, réalisateur de Feist, Birkin et Katerine à Paris.

 

À son agenda cette semaine, Gonzales avait aussi un concert à Los Angeles avec le Français Sébastien Tellier, un autre dans une galerie d'art de New York et un troisième à Toronto. Il nous arrive ce soir avec son Piano Talk-Show, un concept qu'il a peaufiné tous les dimanches du printemps dernier dans un petit théâtre de Paris, avant de le faire voyager un peu partout en Europe.

«J'ai adoré avoir un groupe, mais j'avais choisi plein d'artistes solo comme Katie Moore, Socalled et Mocky dont je ne pouvais disposer rien qu'en claquant des doigts. Il fallait donc que je renoue avec mon côté indépendant de l'époque de PianoVision qui me permet de mettre mon personnage plus en avant, explique-t-il depuis Hollywood, dans un très bon français. J'ai des invités comme dans un talk-show, on fait des duos ensemble, je les interviewe et on joue encore. C'est interactif, intimiste, et ça marche super bien dans de très petites salles.»

Il s'amène à l'eXcentris à l'invitation de son ami Socalled qui sera évidemment parmi ses invités ce soir, tout comme Katie Moore, le pianiste de 94 ans Irving Fields, et peut-être même un invité québécois surprise. «Les interviews, ça m'amuse et je crois qu'il faut raconter de plus en plus le contexte dans lequel on fait notre travail de musiciens, explique Gonzales. Je parle un peu des talents cachés de mes invités; par exemple, Josh, de Socalled, est un magicien super doué. Quand les gens l'entendent parler de ça et qu'il se remet à faire de la musique, ils le regardent autrement.»

Le record Guinness

Le 18 mai dernier, Gonzales a établi à Paris un record Guinness en jouant du piano pendant un peu plus de 27 heures. «Pour moi, c'était du spectacle extrême, une façon de me démarquer, explique-t-il. C'était aussi un événement qui n'était pas lié à un album, mais plutôt à la marque Gonzales. Un grand événement internet: 500 000 personnes l'ont regardé pendant les 27 heures et c'était le sujet le plus twitté sur Twitter, tout ça sans un centime de promo. Trois mois après ma séparation du label Mercury, c'était une façon pour moi de récupérer les outils du pouvoir.

«Plusieurs personnes pourraient jouer du piano pendant 27 heures, mais combien pourraient jouer avec la même intensité 200 morceaux dans tous les styles musicaux sans partitions? J'ai fait appel à mes super pouvoirs: une mémoire musicale assez vaste et un ego qui m'aide à surmonter mes limites physiques. C'est ça, mon génie musical. Je n'ai jamais dit que j'avais plus de goût que les autres; au contraire, je crois que j'en ai moins parce que je suis capable de tout aimer. Je ne vois pas de différence entre le hip-hop cheap, le piano solo et les trucs de mon enfance, Billy Joel et tout ça. Pour moi, Satie et les Bee Gees sont égaux.»

Gonzales n'en demeure pas moins un perfectionniste dans l'âme qui a confié la réalisation de son prochain album, Ivory Tower, au DJ berlinois Boys Noize, de peur de ne plus être à la hauteur de ce qui se fait en électro en 2009. Il a également enregistré quelques pilotes pour une émission de télé de France 3 et il se consacre à la série web Super Producer, qui fait bien ressortir son humour et son ironie. L'an dernier, à La Tulipe, Gonzales nous avait lu des critiques décapantes et parfois méprisantes de journalistes canadiens à son sujet... dont il nous dit aujourd'hui qu'il les avait écrites lui-même!

On ne devrait pas s'ennuyer à l'eXcentris.

Gonzales se produit à l'eXcentris ce soir, 22h.

EN UN MOT

Un personnage haut en couleur, originaire de Montréal, qui passe non sans humour d'un genre musical à l'autre et qui justifie sans peine chacune de ses métamorphoses.