Les Musici de Yuli Turovsky joueront cette saison encore à Maisonneuve et à Pollack, mais, pour des raisons inconnues, ils avaient choisi la salle Claude-Champagne pour leur premier concert du soir. Bien qu'elle soit d'un accès difficile, la salle était bien remplie.

Le programme requérait des effectifs doublés (30 musiciens au lieu de 15) et était partagé entre deux pianistes ayant participé au Concours international de Montréal l'an dernier: l'Arménienne Nareh Arghamanyan, 20 ans, qui remporta le premier prix, et l'Israélienne Dorel Golan, 28 ans, qui, sans figurer au palmarès, avait «grandement impressionné» M. Turovsky (lit-on dans la brochure de l'orchestre).

Sans doute pour demeurer dans l'esprit du piano, Turovsky ouvre le concert avec une symphonie de Muzio Clementi, cet Anglais d'origine italienne qui fut à la fois pianiste, compositeur et facteur de pianos. L'oeuvre en quatre mouvements comporte quelques idées mais reste le produit d'un petit maître.

Nareh Arghamanyan, annoncée ensuite, se fait attendre pendant ce qui semble une éternité. Une musicienne de l'orchestre, Françoise Morin-Lyons, va finalement en coulisses voir ce qui se passe pour revenir nous informer que la pianiste était en train de travailler son piano dans un studio à l'arrière.

La lauréate a choisi le deuxième Concerto de Saint-Saëns. La force avec laquelle ces deux petits bras font vibrer la basse du clavier est toujours aussi impressionnante, comme l'est tout l'appareil technique de la délicate jeune fille. Ses rubatos et tempi précipités donnent un peu de mal à l'orchestre, mais l'ensemble se tient.

Après l'entracte, Dorel Golan traverse le premier Concerto de Mendelssohn à toute vapeur, comme pour prouver qu'elle peut jouer plus vite que n'importe qui. Elle a heureusement quelques instants d'accalmie dans l'Andante, instants beaux à écouter malgré trois violoncelles assez faux.

Le Concerto pour deux pianos de Mozart réunit les deux invitées: Golan au premier piano, Arghamanyan au second. Accord parfait entre les deux: la musique passe de l'une à l'autre avec la plus belle fluidité et une phrase dite par l'une est redite par l'autre exactement de la même façon. Turovsky traîne un peu au mouvement lent. Concernant les cadences: ce sont celles de Mozart.

Les deux pianistes reviennent seules pour un rappel: un extrait de la suite Scaramouche de Darius Milhaud.

I MUSICI DE MONTRÉAL. Chef d'orchestre: Yuli Turovsky. Solistes: Nareh Arghamanyan et Dorel Golan, pianistes. Mercredi soir, salle Claude-Champagne de l'Université de Montréal.

Programme:

Symphonie no 1, en si bémol majeur, op. 18 no 1 (1787) ¬ Clementi Concerto pour piano et orchestre no 2, en sol mineur, op. 22 (1868) ¬ Saint-Saëns Concerto pour piano et orchestre no 1, en sol mineur, op. 25 (1831) ¬Mendelssohn Concerto pour deux pianos et orchestre en mi bémol majeur, K. 365 (1779) ¬ Mozart