Les femmes ont confirmé leur domination sur la scène britannique en 2009 et la liste des prix Mercury, une récompense prestigieuse décernée mardi, comprend cinq femmes sur les douze albums sélectionnés, dans un univers musical caractérisé par sa diversité.

Bat for Lashes, Lisa Hannigan, Ladyhawke, Blood red shoes, Florence and the Machine, La Roux ou encore Little Boots, le beau sexe continue d'avoir la cote dans les bacs. L'industrie musicale a ses modes et l'oeil favorable avec lequel les producteurs voyaient arriver les prétendantes féminines au succès, après la réussite des MIA, Amy Winehouse ou Lilly Allen, s'est aiguisé en 2009.

Si l'arrivée en 1996 des Spice Girls avait fait exploser le nombre de «girls band», ces dernières étaient toujours soupçonnés d'être manipulés en coulisses par des producteurs masculins. L'heure ne semble plus être au soupçon et la vague «féminine» suffisamment large et diversifiée pour ne pas être taxée de simple succès commercial.

Parmi les dernières découvertes de la pop anglaise, Emmy the Great, Emma-Lee Moss à la ville, note comme «influences» sur sa page MySpace «oestrogène et progestérone». Elle ajoute, en interview à l'AFP, Kate Bush et Michelle Obama.

La jeune Londonienne explique à propos du succès de son album «First love» : «J'imagine que c'est parce que maintenant tout le monde veut des popstars flamboyantes, qui vivent dans un monde imaginaire et esthétique créé par la musique. C'est beaucoup plus facile pour les femmes d'être comme ça».

Le retour en grâce de la folk, inauguré avec Adele et Duffy, est la plus puissante courroie de transmission de ces artistes, des pubs et studios crasseux de seconde zone aux grandes salles et aux tournées, même si l'appartenance à un genre défini, est contestée par les artistes elles-mêmes.

«Le folk est un truc américain, qui appartient au passé, ce serait comme dire que nous faisons partie de la scène punk de 1977, juge Emma-Lee Moss. C'est un terme qu'on a inventé pour nous décrire plus facilement mais je ne pense pas qu'il soit approprié».

De fait, le mélange des genres dont les artistes féminines britanniques se sont fait l'écho est un trait marquant de la production 2009.

Parmi les nominées aux Mercury Prizes, qui récompensent le meilleur album britannique ou irlandais de l'année, se présentent la reine de l'électro-pop La Roux, la chanteuse de folk mystique Bat For Lashes ou encore la chanteuse celtique Lisa Hannegan.

Autre découverte, nominée également dans la liste Mercury et dont le succès confirme la diversité et la créativité de la scène britannique, la rappeuse Speech Debelle pourrait signer un retour en force du texte dans un univers musical qui s'en souciait encore peu jusqu'ici.

À l'inverse de cette tendance «féministe» de la musique britannique, en France, la chanteuse Yelle, aux paroles féministes et provocantes, réponse aux groupes de hip-hop masculin, n'a pas eu de succession notable en 2009. Seules quelques DJettes, comme Chloé semblaient tirer leur épingle du jeu dans l'hexagone. Et la dernière sensation féminine sur la scène française est... Ebony Bones, britannique de son état civil !

Au Royaume-Uni, les filles auront cependant fort à faire en 2010 pour défendre leur place dans les «charts» avec le retour annoncé, entre autres, des Arctic Monkeys et de Robbie Williams.