Saveur pop britannique du moment, Florence Welsh reçoit l'accolade du public comme de la critique pour Lungs, le premier album qu'elle et ses confrères de The Machine ont lancé en Grande-Bretagne au début du mois de juillet. On l'attrape à la sortie d'un resto londonien pour souligner la parution, mardi dernier, de son disque au Canada.

Pimpante et repue, Florence sort de table par un bel après-midi ensoleillé à Londres pour enfiler des entrevues, signe que ses quelques jours de vacances sont déjà sur le point de se terminer. «J'ai fait la ronde des festivals ces derniers temps, et je repars en tournée dans quelques jours seulement», dit la jeune musicienne en marchant dans la rue.

 

Une quarantaine de concerts sont à l'horaire, tous en Europe, selon le plan officiel. «Mais il me semble que je vais justement aller jouer au Canada - en octobre, je crois. Toronto, c'est sûr, Montréal, je ne sais plus, là...» lance l'auteure, compositrice et interprète.

Croisons les doigts. La scène, raconte-t-on, c'est sa force. Ce qui n'est pas peu dire compte tenu de la qualité de ce premier album, un disque qui, sur le plan formel, se fout pas mal de la branchitude en misant plutôt sur la solidité de son contenu.

Les chansons, le feeling, c'est ce qui compte. Les arrangements de nature pop-rock, sur lesquels on échappe à l'occasion un peu de harpe, de guitare électrique, qu'on dénude même jusqu'à n'en laisser que la dynamique des percussions (The Drumming Song), n'ont rien de très inventif, encore moins d'avant-gardistes. Ses références musicales? Classiques. «Plein de choses. The Smiths. Soft Machine. Chez les chanteuses: Etta James, Billie Holliday. Le blues, y'a que ça de vrai.» Qu'on laisse donc La Roux surfer sur la mode néo-eighties!

La scène, alors. «Tu sais, presque deux ans avant que ne sorte mon album, j'en ai fait beaucoup, des petites scènes, j'ai écumé les bars, explique Florence. Chanter, c'est tout ce que j'ai voulu faire, je ne m'imaginais pas devenir quelqu'un d'autre qu'une musicienne. J'avais envoyé des maquettes aux labels, mais c'est un représentant d'Island qui se trouvait dans un bar, lors d'un de mes concerts, qui m'a remarquée. Ils m'ont donné toute la liberté que je voulais pour travailler sur mon disque.»

Ce Lungs, déjà écoulé à 100 000 exemplaires en Grande-Bretagne, se distingue autant par la présence vocale mûre, mature («Vraiment? J'ai souvent l'impression de chanter comme une fillette!» réagit-elle.) et envoûtante de Florence que par ses textes souvent inquiétants. Fantasques, sans être aussi abscons que ceux de Bat For Lashes, et parfois... violents. «Ouais, dit-elle avec le ton posé de celle qui a dû composer avec cette critique. Mes mots sont mesurés: j'aime le contraste, encore plus violent, lui, entre des mots parfois durs et une jolie mélodie...»

Machine accessoire

Sur scène, la demoiselle s'entoure de six musiciens, sa Machine. D'ailleurs, qui sont-ils? «Les musiciens qui m'accompagnent ont changé pas mal depuis les deux dernières années. Six sur scène, ça peut paraître beaucoup, mais il y a encore plus d'instruments dans l'enregistrement de l'album. Les compositions sont essentiellement de moi, parfois en collaboration avec des amis, pas forcément des membres du groupe.» La Machine, comprend-on, est accessoire à Florence, dont le talent garantit à lui seul le succès de l'entreprise.

Son premier single, l'excellente (et dure) Kiss With a Fist, a fait long feu sur les palmarès radio l'été dernier, mais les chansons suivantes ont fait meilleure figure dans les palmarès.

Un prix?

La BBC aussi a tôt fait de flairer la belle affaire, la retenant pour sa Sound of 2009 List, révélée en janvier dernier. Beaucoup d'attention en peu de temps, donc, pour cette jeune artiste de 22 ans, qui se battra contre ses consoeurs La Roux, Bat For Lashes, la chanteuse indie folk Lisa Hanningan et la rappeuse Speech Debelle pour le fameux Mercury Prize, remis au meilleur album britannique.

«Homme ou femme, si la musique est bonne, ça importe peu», lorsqu'on l'oblige à répondre à la question de cette soudaine invasion de pop féminine britannique. «Lorsque ce ne sont que des hommes, on ne s'en étonne pas... Cela dit, je suis emballée par cette nomination pour le Mercury Prize. Tout va tellement vite ces temps-ci...»

 

EN UN MOT

Nouveau visage sur la planète pop, Florence a une voix à faire fondre les banquises.

DERNIER DISQUE

Son seul, Lungs, tout juste paru chez Islands/Universal.