La vie est pleine de surprises.

Alors qu'on n'y croyait plus, voilĂ  qu'on ressort les sept premiers albums de Ginette Reno, sortis sur Ă©tiquette Apex entre 1962 et 1968.

C'est une grande nouvelle.

Pour des raisons d'ordre juridique, ces vieux disques n'avaient jamais été réédités sur CD. On vous épargne les détails. Mais pour résumer, voici: jusqu'à tout récemment, tout le monde pensait que les droits du catalogue Apex appartenaient au producteur Denis Pantis. Or il semble que la compagnie Universal en soit toujours le propriétaire officiel.

 

Quand Martin Duschesne, responsable du répertoire francophone à Universal, s'en est aperçu, il s'est empressé de mettre la machine réédition en marche.

Il a commencé l'an dernier avec un somptueux coffret de Michel Louvain. Et voilà qu'il lance ces sept microsillons essentiels pour qui veut connaître les débuts de notre Ginette nationale: Ginette Reno (1962); Formidable! (1964); Ginette en amour (1965); Le monde de Ginette Reno (1966); Quelqu'un à aimer (1967); En spectacle au Casa Loma (1967); Les grands succès d'une grande vedette (1968).

«Ce n'était pas normal qu'il y ait un aussi grand vide dans son catalogue, souligne Martin Duchesne. C'était important de ressortir tout ça. Parce que les gens qui aiment Ginette veulent posséder tout ce qu'elle a enregistré.»

Le résultat? Plutôt satisfaisant. D'abord parce que le son est excellent (on est parti directement des bandes). Ensuite parce qu'on s'est fait un devoir de ressortir tous les albums avec pochettes originales, y compris les jaquettes arrière.

Certes, on aurait pu souhaiter des livrets plus étoffés. De ce côté, il n'y a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Mais compte tenu de l'état actuel du marché, on comprend que la série a été faite dans un souci d'économie. D'ailleurs, les CD ne seront pas chers en magasin (12,99$).

Un puzzle de hits

Pour ce qui est des chansons, soyons honnêtes. Malgré les nombreux succès (J'aime Guy, Non papa, Roger, Tu vivras toujours dans mon coeur, etc.), la période Apex n'a jamais été la meilleure de Ginette Reno. Mais comme le dit si bien Martin Duchesne: «C'est la période où le public l'a adoptée.»

La chanteuse avait entre 18 et 24 ans. Elle commençait dans le métier. Et son producteur Yvan Dufresne, grand découvreur de talents par ailleurs (Louvain, Lautrec), lui faisait vraiment chanter n'importe quoi!

Du yéyé aux grosses balades larmoyantes, du rhythm'n'blues au rock psychédélique (Quelqu'un à aimer: improbable version de Somebody to Love de Jefferson Airplane!), en passant par toute la flopée des succès américains traduits, Ginette Reno a découvert très vite que sa voix supersonique lui donnait le droit de tout chanter.

«Il y avait une direction artistique, mais aucune vision éditoriale. C'était un puzzle de hits», résume Martin Duchesne

Et la suite

Et maintenant, la question à 100 piastres. Maintenant que le cas Apex est réglé, quand passera-t-on vraiment aux choses sérieuses? Car il reste encore à rééditer tous les disques parus entre 1969 et 1976 sous étiquettes Grand Prix et Transworld, considérés par plusieurs comme le sommet artistique de Ginette Reno. La dernière valse, Des croissants de soleil, Un peu plus haut un peu plus loin... Tant que ces chansons ne seront pas remises sur le marché, il restera un immense trou à combler.

Cette fois, c'est bien vrai: les droits de ces albums appartiennent à Denis Pantis. Mais ce dernier attend de rétablir les ponts avec la chanteuse avant de les remettre sur le marché. Aux dernières nouvelles, les deux camps ont recommencé à se parler l'été dernier, après un froid de plus de 300 ans. Selon Pantis, il y a de l'espoir. «Ça fait partie de mes priorités. On a 14 albums à elle, alors ça va arriver. Mais on va être prêts quand on va être prêts.»

Histoire Ă  suivre.

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