Prolifération de services légaux en ligne, croissance exponentielle de nouvelles applications musicales pour la téléphonie mobile, voilà d'autres fragments d'une solution globale pour sortir l'industrie de la musique de sa crise, principalement générée par le déclin des ventes de CD.

Bien au-delà de la célébrissime plateforme iTunes, des centaines de services légaux de musique en ligne naissent chaque mois. Prenons Spotify, un service implanté depuis six mois et invité aux Rencontres québécoises de l'industrie de la musique - qui se sont conclues hier au Marché Bonsecours.

«La clef du succès n'est pas tant la gratuité que la vitesse. Nous avons pris grand soin de créer des applications qui permettent à l'utilisateur de plonger dans notre univers en moins de 10 secondes. Lorsque les internautes en réalisent la qualité, ils sont prêts à délaisser les sites pirates. S'ils veulent prolonger l'expérience, ils paient des montants minimes - un euro par jour ou 10 euros par mois pour l'accès total à nos répertoires», explique Alexander Shapiro, directeur développement des affaires chez Spotify.

La nouvelle plateforme, explique-t-il en outre, crée aussi des applications informatiques pour la téléphonie mobile et le jeu vidéo, en plus de proposer des services aux musiciens et producteurs afin de développer en ligne la vente de leurs produits dérivés.

WorMee.com, financé par l'opérateur français Orange, est un service d'écoute continue en ligne. «Le concept est essentiellement communautaire: nous rendons disponibles des répertoires autorisés par les étiquettes de musique afin que les utilisateurs créent et partagent leurs propres mixes», explique Julien Hodara, fondateur de WorMee.com.

D'autres sites du genre incitent à la pratique la «musique sociale»: sur 8 Tracks ou FavTapes, par exemple, on peut téléverser ses propres mixes et ainsi les mettre en diffusion continue.

À l'instar de tant de professionnels de l'internet, le patron de WorMee ne croit pas à un modèle unique à faire évoluer sur l'internet. «J'ai quand même cette conviction: pour une bonne partie de la population, le contenu en ligne ne représente plus une valeur pour laquelle il faut débourser directement. En revanche, les gens sont prêts à payer pour de l'accès facile. On fait des paris...»

Chez le service américain Rhapsody, on souligne l'utilité d'alliances stratégiques avec d'autres sites de prestige, tel Rolling Stone.com, en plus de conclure des ententes commerciales avec un maximum de labels, indépendants ou majors.

«Ça nous a pris plusieurs années avant d'être pris au sérieux par les multinationales de la musique et les plus gros labels indépendants. Progressivement nous avons obtenu du succès à faire connaître des artistes, notre pouvoir de conviction s'est accru. Or, chaque entente contractuelle avec une étiquette de musique doit sans cesse être renégociée, car il y a toujours de nouvelles applications technologiques qui entrent en ligne de compte», soulève Tim Quirk, vice-président de la programmation chez Rhapsody.

Conférencier aux Rencontres, notre collègue Philippe Renaud a souligné la croissance très rapide du marché de ces applications technologiques dont la rentabilité se fonde sur un volume important de micro-paiements.

«Au cours des années qui viennent, prévoit-il, le grand public pourra facilement se procurer un téléphone intelligent. Les frais encourus consisteront alors à acheter de l'accès et des applications. Par exemple, Nine Inch Nails Access permet à un téléphone portable d'accéder au site du fameux groupe sans passer par un moteur de recherche. Sous peu, des entreprises de téléphonie mobile vendront des milliers de ces applications qui ne coûtent pas cher du tout (plus ou moins un dollar). Et donc peu alléchantes pour le piratage.»

Fragments de solution?