Le saxophoniste Émile Parisien, le pianiste Julien Touéry, le contrebassiste Ivan Gélugne et le batteur Sylvain Darifourcq sont autant d'exemples probants d'un nouveau jazz français, bien en phase avec ce que la relève internationale produit de mieux. Même en temps de crise...

Émile Parisien vient du Lot, dans le Sud-Ouest, pas très loin de Marciac où se tient l'un des plus importants festivals de jazz dans l'Hexagone. Au fil du temps, le festival a généré des activités connexes, dont la mise en place d'une formation destinée aux apprentis jazzmen.

 

«Ça a commencé avec ce programme de jazz offert au collège de Marciac depuis 1994. Trois ans plus tard, je faisais partie de la première promotion, comme c'est le cas du pianiste Julien Touéry. J'ai ensuite poursuivi des études de jazz et de musique classique au Conservatoire de Toulouse. J'ai travaillé ma technique, j'ai étudié le saxophone classique avec Philippe Lecocq, un joueur d'alto et de soprano», explique ce musicien d'allure hippie, baba cool comme disent les cousins.

Émile Parisien joue surtout du saxophone soprano. Il est un fan total de Wayne Shorter dont on sent l'influence profonde du fabuleux quartette à l'écoute de sa musique. Mais c'est John Coltrane qu'il dit avoir le plus écouté lorsqu'il est question de l'instrument. Il y en a d'autres, bien évidemment... mais le jeune homme ne semble pas vouloir s'éterniser sur la question. Le travail de son groupe l'intéresse davantage.

«Nous sommes amis, nous travaillons ensemble, nous faisons tout ensemble. C'est encore plus évident dans notre deuxième album à paraître (Original pimpant, étiquette Laborie), dont le travail émerge d'une énergie collective. Nous essayons de travailler sur une forme plus narrative, en fait. Nous n'en restons pas à la structure thème-chorus-thème, nous passons plutôt par un point A, ensuite par un point B, puis nous allons jusqu'à C, D, nous arrivons à E... Plusieurs énergies différentes, en somme: gaies, tristes, joyeuses, l'ensemble des émotions, quoi.»

Comme c'est le cas de tant de jeunes musiciens doués, d'autant plus éduqués, le jazz nouveau de l'Émile Parisien Quartet absorbe d'autres esthétiques.

«Nous écoutons de tout, en fait. Sylvain a fait pas mal de rock. Ivan joue encore dans les orchestres classiques. Nous écoutons du jazz, du free, de la pop, de la musique classique ou contemporaine, nous jouons la musique que nous aimons... Par exemple, nous reprenons un thème magnifique de Wagner (le troisième mouvement de Tristan et Iseult), un prétexte pour aller ailleurs. Par rapport à notre premier album (Au revoir porc-épic, paru en 2006), je dirais que la matière d'Original pimpant est plus aboutie, l'énergie qui s'en dégage est peut-être plus rock.»

Originale et pimpante, est-on tenté d'ajouter.