Quel est le lien entre Brel, Soupault, Garneau, Fiori et Vigneault ? «La poésie «, résume le comédien et chanteur Jean Maheux. Il s'est entouré de trois musiciens maîtres de l'improvisation, son groupe Le coeur à l'ouvrage, pour créer un spectacle où la parole sera aussi libre que les musiques.

Jean Maheux a touché à tout. Il a fait de la danse avec Dulcinée Langfelder, exploré tout le spectre théâtral du NTE au TNM, tourné au cinéma (Caboose, C'est pas moi je le jure) et flirté avec la musique contemporaine (L'enfant des glaces, avec Pauline Vaillancourt). Il a une nette préférence pour les projets champ gauche, mais ne lève pas le nez sur des productions plus populaires: il a incarné Don Quichotte dans L'homme de la Mancha et est de la distribution de L'auberge du chien noir.

 

Habité par la poésie depuis qu'il y a été initié par Michel Garneau, fasciné par la musique qui fait «éclater la forme» (il cite Christian Calon, René Lussier et Marc Ribot), il a tout de même mis 25 ans à se résoudre à monter son premier «one man show». Le déclic? Une exposition sur le siècle des Lumières vue à Paris.

«Ça m'a convaincu de la pertinence de ce que j'avais à apporter, dit-il. Il y avait tout là-dedans, tout ce qu'on vit actuellement: le débat sur la laïcité, la guerre, l'individualisme, les responsabilités sociales, les limites des libertés individuelles.» Des thèmes qui se retrouveront tous dans son spectacle, soit à travers un poème de Soupault ou une chanson de Bashung.

Jean Maheux triche un peu lorsqu'il parle de «one man show». Il s'est entouré de trois musiciens de qualité pour ce voyage au bout de la poésie: Stéphane Aubin au piano, Bernard Falaise à la guitare et Normand Guilbault à la contrebasse. Un trio qui a l'habitude des spectacles éclatés où mots et musiques se cherchent pour créer un sens nouveau.

«Ce que j'aime dans la musique actuelle, c'est le côté libre et les sonorités. C'est toujours un peu déstabilisant. Ce qui m'ennuie dans la chanson populaire, c'est le côté prévisible, explique Jean Maheux. Je voulais qu'on ait un son, notre son. C'est pour ça que j'ai formé un groupe et que si l'un d'eux n'est pas disponible, on ne fait pas le show.»

Faire autrement serait difficile: l'accompagnement repose en partie sur des improvisations qui viennent colorer les textes. Et si la trame musicale n'est pas totalement inédite, elle est à tout le moins réaménagée. Il reprend C'est le temps de Vigneault, mais en a changé le rythme et le ton pour en faire une espèce de country trash. «Ça confère un côté urgent au propos de Gilles Vigneault», estime Jean Maheux.

Sa motivation se trouve d'ailleurs là: mettre en place un spectacle qui a un propos. «Les gens qui viennent ont l'impression de se faire redonner la parole. Quand je parle d'individualisme et de responsabilité, ils se sentent interpellés. Ce n'est pas juste de l'évasion, car ça, on en a en masse.»

Jean Maheux et Le coeur à l'ouvrage, en spectacle le 10 novembre, 20h30, au Lion d'or.