C'est vrai qu'il a des allures de téléroman, ce retour de Marie Carmen à la chanson: dix ans après son dernier album, six voyages au Pérou à titre de volontaire auprès de personnes démunies et énormément de «travail sur soi», voilà que la chanteuse au timbre unique, celle qui assurait que «Piaf chanterait du rock» et qui a fait connaître L'aigle noir à toute une génération, revient au pays et lance un disque - le meilleur album de sa carrière! Après le retour, la promesse...

Parmi les chansons réussies de Le diamant, cinquième album de Marie Carmen en quelque 20 ans de carrière, il y en a une particulièrement bien: elle s'appelle La mauvaise herbe, elle est signée Luc de Larochellière, sur des arrangements très latino et dansants, elle parle magnifiquement des enfants de la rue, ceux que la chanteuse a croisés au Pérou et ici, au Québec. Un soir de décembre passé, en pleine tempête, pas de taxi, pas d'électricité, Marie Carmen et Luc ont tout de même réussi à se rencontrer pour parler de cette chanson. «Toi qui as écrit que La vie est si fragile, j'aimerais ça que tu écrives cette fois une chanson sur la force de la vie», a dit la chanteuse. Et le chanteur a accepté. Comme ont notamment accepté France D'Amour, Sylvie Paquette, Dave Richard (qui signe notamment la très belle L'île aux trésors), Francine Raymond et la jeune humoriste Cathleen Rouleau (si vous voulez en savoir plus sur cette rencontre-là, lisez le blogue de Cathleen, hilarant).

 

Pierre précieuse

Dans le café où je rencontre Marie Carmen, la femme qui se tient devant moi a exactement le rire, la chevelure noir jais, les pommettes saillantes et l'intensité fébrile qu'elle avait à l'époque. Mais elle a aussi ce qu'il faut bien appeler de la lumière dans les yeux, et quelque chose de malicieux, d'aérien dans la démarche: «C'est parce que, maintenant que j'ai fait ce disque, je sais que je peux mourir heureuse!», lance joyeusement Marie Carmen.

Pas de doute, c'est Marie Carmen, volubile, démonstrative, expansive, qui parle aussi bien de ses nouvelles chansons (toutes positives) que de la très belle Contre vents et marées (un texte de Françoise Hardy sur l'instrumentale Theme from a movie that never happened d'Eric Clapton) ou du titre de son album, Le diamant: «Tu ne trouveras le mot diamant dans aucune chanson, explique-t-elle. Parce que c'est un symbole pour moi: le diamant, c'est la transparence, la résistance, ça prend la lumière et ça l'amplifie, et chaque diamant est unique, avec toutes ses facettes. Bref, c'est nous, le diamant, chacun de nous... Et sais-tu ce qu'un géologue m'a appris? Le diamant, c'est une pierre précieuse qui, dans le sol, est le résultat d'une extrême pression! Ça aussi, c'est nous, et c'est certainement moi!» précise-t-elle avec un rire à gorge déployée.

Réalisation de Francis Collard

Pour que la pression ne soit tout de même pas extrême cette fois-ci, Marie Carmen et son agent de toujours, Pierre Tremblay, ont fait appel à une équipe de rêve pour Le diamant: c'est Francis Collard qui l'a réalisé, le Francis qui a travaillé avec Ariane Moffatt. «Ariane, ça fait longtemps qu'elle m'intéresse, j'avais même acheté son disque du temps de TenZen (groupe dont Ariane Moffatt était la chanteuse en 2000), j'étais sûre qu'elle allait faire quelque chose, à un moment donné - c'est comme Alexandre Désilets, ces jours-ci, je suis sûre qu'il va devenir quelqu'un d'important pour nous, musicalement. Bref, j'ai demandé à rencontrer Francis Collard (qui a réalisé et coarrangé Aquanaute) qui me dit: «Sincèrement, Marie Carmen, j'ai écouté tes quatre disques, et je ne suis pas sûr de les aimer. Mais je suis amoureux de ta voix, par exemple!» Moi, je ne renie rien de ce que j'ai fait, je ne regrette rien. Mais je ne suis plus là, on est donc faits pour s'entendre. Et j'ai dit à Francis que j'avais le goût de parler de choses qui vont bien, de faire de la salsa et du reggae dub, de chanter en espagnol. C'est un des plus beaux cadeaux que je me suis donnés, apprendre l'espagnol.»

Elle l'a appris pour aller travailler au Pérou comme volontaire («et non comme missionnaire, précise-le bien», dit Marie Carmen) - et deux fois plutôt qu'une: pour être sûre d'être compris,e la chanteuse a fait deux fois le cours de base avant de partir! Elle a donc deux (très bonnes) chansons en espagnol sur Le diamant, l'une empruntée à la jeune chanteuse mexicaine Julieta Venegas (Eres para mi), l'autre au groupe rock mexicain Manà (Bendita tu luz).

«Je crois que la boucle est bouclée et que je ne retournerai pas au Pérou, dit encore Marie Carmen. Je suis revenue parce que j'ai quelque chose à dire et que c'est mon métier, chanter. Mais je sais que je vais avoir besoin de retourner ailleurs pour être en équilibre. Peut-être le Cameroun, le Vietnam...» Ou le Québec.

Le diamant de Marie Carmen en magasin mardi. La Musicographie de Marie Carmen diffusée à MusiMax aujourd'hui 21h, lundi à midi et mardi, jour du lancement, à 20h.