Le tout premier concert du Nouvel Ensemble Moderne, le 3 mai 1989, salle Claude-Champagne, avait attiré 500 personnes. C'est, dans la même salle, devant une centaine d'auditeurs que le NEM et sa directrice-fondatrice Lorraine Vaillancourt se sont retrouvés mercredi soir pour l'ouverture de leur 20e saison. Où sont passés les 400 autres? Pour l'instant, je me contenterai de poser la question.

La soirée commence par quelques allocutions: la présidente Lucie Leclerc, le nouveau directeur général, l'altiste Vincent Lapointe, et Mme Vaillancourt. L'animatrice du NEM fait lever les sept musiciens (sur un total de 15) qui sont là depuis la première heure. Elle annonce aussi que le NEM jouera cette saison en France, aux États-Unis, en Angleterre et en Autriche. Ce qui devrait consoler les vaillants musiciens et leur infatigable maestra d'avoir à se produire chez eux devant 100 personnes.

Le programme musical débute à 20 h 25. Comme entrée en matière, le NEM ramène l'un de ses «piliers», John Rea, avec un «tombeau» de 2007 à la mémoire de Ligeti mort l'année précédente. Le percussionniste Julien Grégoire vient d'abord mettre en marche un métronome à pendule - évocation des 100 Métronomes du compositeur hongrois - devant lequel, 18 minutes plus tard, il s'inclinera respectueusement. Cérémonie un peu ridicule... mais Grégoire n'y est pour rien. La pièce elle-même a ce quelque chose de ludique qu'a souvent la musique de Ligeti.

Next: une pièce de Heiner Goebbels où la «jalousie» du titre se réfère à la fois au défaut assez répandu et aux volets mobiles qui décorent certaines fenêtres (!).

On peut oublier le texte prétentieux, bien dit pourtant, et se concentrer sur les 20 minutes de bruitisme où le compositeur allemand cherche à renouveler les notions de rythme et de son.

Entracte: des machinistes érigent une petite scène où huit violoncellistes s'ajouteront aux musiciens du NEM placés à un niveau un peu plus bas. Pour ces derniers, et pendant 15 minutes, Brian Cherney a multiplié les accords dissonants, gonflés et réduits, mais son utilisation des violoncelles n'offre aucune originalité.

M. Cherney vient saluer, comme avant lui M. Rea. En guise de finale, le NEM reprend la pièce du Britannique George Benjamin qu'il jouait en rappel lors de son premier concert et qu'il enregistra par la suite. Un peu longue, cette pièce (17 minutes), mais comportant quelques idées très fortes exprimées en de violentes dissonances.

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NOUVEL ENSEMBLE MODERNE. Dir. Lorraine Vaillancourt. Jean Maheux, narrateur, Octuor de violoncelles de la Faculté de musique de l'Université de Montréal. Mercredi soir, salle Claude-Champagne de l'Université de Montréal.

Programme :

Singulari-T (2007) - John Rea

La Jalousie, bruits extraits d'un roman (1991) - Heiner Goebbels

Le Miroir des anges (2003) - Brian Cherney

At First Light (1982) – George Benjamin.