L'hebdomadaire culturel new-yorkais The Village Voice, institution depuis plus de six décennies, a publié mercredi la dernière édition imprimée de son histoire, avant de passer en tout numérique.

Le titre avait annoncé la fin de son édition papier fin août, justifiant cette décision par sa volonté de «revitaliser» et de «réimaginer» la marque «Village Voice».

Créé en 1955 par l'écrivain américain Norman Mailer, ainsi que Dan Wolf et Ed Fancher, cet hebdomadaire très axé autour de la culture et de la politique s'est vite imposé comme une institution.

Né du bouillonnement culturel du quartier de Greenwich Village, le magazine était un lieu où fusaient les idées, les débats, le doigt toujours sur le pouls de l'actualité, avec régulièrement des révélations venues d'un grand journalisme d'investigation. Le magazine a notamment remporté trois prix Pulitzer.

«Le Voice a changé le cours du journalisme, d'élections, d'affaires judiciaires, de la législation, de carrières politiques, de la culture populaire, de vies, d'histoires d'amour et de New York elle-même», a écrit le rédacteur en chef Stephen Mooallem dans un long éditorial de deux pages, publié mercredi, au fort parfum de nostalgie.

Passé au gratuit en 1996, à une époque où la concurrence n'avait pas de commune mesure avec ce qu'elle est aujourd'hui, le Village Voice a souffert, par la suite de la migration vers internet des petites annonces, qui étaient une source majeure de revenus pour le titre.

Il était encore tiré à 120 000 exemplaires par semaine, même si cela ne représente que la moitié du tirage lors de la période qui a suivi le passage au gratuit (230 000).

Il était l'une des dernières publications mises à disposition dans des distributeurs dédiés (rouge), modèle jadis utilisé par tous les quotidiens new-yorkais.

Pour son propriétaire, Peter Barbey, le Voice a été, depuis plus de 60 ans, «un phare du progrès et une voix littéraire pour des milliers de gens dont les identités, les opinions et les idées n'auraient peut-être pas été entendus autrement».

«Je le vois continuer à jouer ce rôle et bien, bien plus encore», avait-il expliqué dans un communiqué publié fin août.