Le magazine Safarir a annoncé lundi qu'il cessait toutes ses activités, affirmant que la rentabilité de la publication n'était plus possible.

Fondé en 1987, le magazine Safarir s'est démarqué au Québec par ses illustrations, bandes-dessinées humoristiques et parodies.

Le contexte de plus en plus difficile pour les médias imprimés fait donc une nouvelle victime.

L'équipe du magazine humoristique a indiqué, lundi, sur Facebook, que la «grande aventure» prenait fin, évoquant la faillite de leur distributeur l'an dernier ainsi que de grands coûts d'impression.

Safarir n'ayant «presque jamais eu de revenus publicitaires», la perte de points de vente, comme Archambault, Renaud-Bray et Couche-Tard, explique beaucoup plus les problèmes du magazine d'humour.

«Safarir a toujours été davantage un magazine d'achat impulsif en fonction de la une. Ces dernières années, dans des salons du livre, on se faisait dire "vous existez encore?". On ne nous voit plus en kiosque», a fait valoir en entrevue Louis Martin, directeur artistique au magazine dans les années 1990 et copropriétaire avec le rédacteur en chef Michel Bouchard depuis quelques années.

Outre MM. Martin et Bouchard, la publication faisait affaire avec «une bonne dizaine» de pigistes.

«L'entreprise est techniquement en faillite, on n'a pas assez de sous pour rembourser tout le monde», a affirmé M. Martin.

L'équipe a affirmé sur Facebook que d'autres options que la cessation des activités avaient été «envisagées et sérieusement étudiées, mais sans déboucher sur des solutions adéquates et concrètes». Elle a dit avoir travaillé «d'arrache-pied» au cours des deux dernières années afin de permettre à Safarir de s'épanouir, de grandir et de se renouveler.

En entrevue, M. Martin a fait valoir la difficulté de se démarquer sur l'internet.

«Le numérique n'est pas rentable encore. Il y a beaucoup de sites gratuits d'humour. La rentabilité, c'est de mettre énormément de sous dans le développement web. On a déjà mis pas mal d'argent déjà dans le magazine», a-t-il expliqué.

Le copropriétaire et ancien directeur artistique a indiqué que Safarir n'était plus rentable depuis deux ans. «On a toffé, on a enduré, on a essayé plein de choses, pour brasser la sauce et vendre un peu plus de copies. On n'était pas loin de la rentabilité, c'est juste ça qui est plate», a confié M. Martin, disant avoir exploré des «alliances avec d'autres éditeurs, ou avec des émissions de télé ou de radio ou des jeux vidéo».

Après la faillite de Benjamin, Messageries Dynamiques a fait un bon travail, et a «aidé le mieux possible dans les circonstances». «Mais tous les magazines sont en baisse, on n'a pas trouvé la solution magique, encore. Il y a des cas particuliers, Ricardo, Marilou avec Trois fois par jour, Véro», a-t-il évoqué.

L'équipe du magazine a tenu à remercier sur Facebook tous les collaborateurs qui ont mis «tout leur créativité et humour» dans les 299 numéros qui ont été publiés - le dernier remontant à l'automne 2015.

«Qui plus est, contrairement à ce que plusieurs pourraient croire, le magazine Safarir n'avait pas droit à quelconque subvention que ce soit. Aussi, la récente campagne de sociofinancement que nous avons mise en place n'a pas apporté les effets escomptés», a-t-on souligné.

Pour l'instant, après 299 numéros, il ne reste que la marque bien connue, qui a été enregistrée. «Des magazines qui ont fait 299 numéros, il y a en pas beaucoup. On aurait aimé se rendre à 300», a laissé tomber M. Martin.

Quels étaient les signes distinctifs de Safarir? «Le fait de se coller à l'actualité, et d'avoir une saveur québécoise assez régulièrement. On essayait de prévoir ce qui allait être au goût du jour. On a été un bassin de talents. C'est très difficile de faire un magazine d'humour, avec de la BD. D'avoir réussi pendant 29 ans, c'est quand même pas mal», a conclu M. Martin.