Elle était chroniqueuse à l'émission du matin d'ICI Radio-Canada Première, mais le départ soudain de Marie-France Bazzo l'a catapultée à l'animation. À sa grande surprise, on lui a proposé il y a quelques jours de remplacer Michel C. Auger à l'émission de fin d'après-midi, dès l'automne. «Ça ne se refuse pas», dit-elle. Cette ancienne journaliste de Macadam tribus veut ramener un peu du style de cette défunte émission en ondes.

Contexte: Il est 14h, jeudi après-midi. Radio-Canada annonce qu'Annie Desrochers remplacera le journaliste Michel C. Auger à l'émission du retour à la maison. Auger atterrit sur l'heure du midi, délogeant ainsi Jacques Beauchamp qui planche sur une nouvelle émission. Tout un jeu de chaises musicales! En quelques minutes, la twittosphère s'enflamme et félicite l'animatrice. La Presse l'appelle pour une entrevue.

Bonjour Annie Desrochers! Nous venons d'apprendre votre nomination à l'émission du retour à la maison à la radio de Radio-Canada. Heureuse?

Très contente! Il y a quelques jours, je pensais retourner cet automne à la revue de presse du matin. J'avais hâte de faire ça! Alain Gravel et moi [l'ancien animateur d'Enquête animera l'émission du matin l'automne prochain] avions prévu une rencontre pour préparer la prochaine saison, mais on m'a proposé ce nouveau défi tout juste avant. Je n'avais pas fait de démarches pour obtenir ce poste. Tout a déboulé rapidement.

Vous quittez ainsi la case du matin. Êtes-vous malheureuse de ne plus devoir vous lever tous les matins vers 3h?

(Rires). Non, mais tu sais, j'aimais quand même travailler le matin. Il y a une ambiance particulière à faire de la radio quand les gens se réveillent. Je vois tout de même une certaine similitude entre ce que je faisais depuis deux ans et l'émission que j'animerai en après-midi. Les gens finissent de travailler, retournent à la maison, c'est une course infernale. Je le sais, j'ai cinq enfants que je vais chercher à la garderie et à l'école. Les gens nous écoutent jusqu'à ce qu'ils soient chez eux, et même en préparant le souper. Le ton qui est utilisé en ondes est donc similaire.

Et ce ton, quel sera-t-il?

Je m'intéresse beaucoup à la société et j'ai un intérêt marqué pour l'actualité. Mais à la base, ce que j'aime, c'est raconter des histoires. Notre émission sera collée sur ce qui se passe dans le Grand Montréal. S'il y a une pénurie d'eau à Longueuil, on va le couvrir. Mais je veux aussi explorer des sujets urbains. Prenons en exemple le marché Jean-Talon. Quand on arrivera en ondes, en août, ça sera le temps des récoltes. On pourrait aborder une multitude de sujets de société, de la sécurité alimentaire, aux enjeux villes-campagnes. Ça prendra une forme totalement organique. J'ai commencé ma carrière à Macadam tribus. Je ne dis pas que je ramène Macadam, mais c'est clairement dans cet esprit-là que l'on va travailler.

L'émission du retour à la maison, tout comme l'émission du matin, évolue dans un créneau important. Dans cette grande bataille des ondes, la direction de Radio-Canada vous fixe-t-elle des cibles à atteindre au niveau des cotes d'écoute?

Radio-Canada ne m'a pas parlé de la compétition quand ils m'ont offerte ce nouveau défi. Oui, c'est un marché compétitif, et nous faisons tous de la radio pour être écoutés. J'arrive avec un produit distinctif et je veux ramener une fierté d'être à l'antenne de Radio-Canada. C'est une radio qui a été malmenée ces dernières années. Dans notre marché, je suis convaincue qu'on peut aller chercher notre niche.

En terminant, revenons sur votre parcours. Ça fait près de 20 ans que vous travaillez à Radio-Canada, mais vous n'avez pas une formation en journalisme, n'est-ce pas?

Exactement, j'ai étudié en radio et je me décris vraiment une fille de radio. C'est toujours ça que j'ai voulu faire. J'ai commencé ma carrière en Allemagne, dès l'âge de 18 ans. Mon père était professeur sur une base militaire. À l'époque, Radio-Canada International avait une station de radio là-bas. Ce fut ma porte d'entrée. Des formateurs de Montréal venaient nous épauler et l'un d'eux m'a prise sous son aile. J'ai tranquillement gravi les échelons. À mon retour à Montréal, j'ai travaillé avec Macadam tribus, mais aussi chez Joël Le Bigot. Il a beaucoup teinté l'animatrice que je suis. Finalement, c'est sûr que 275-allô a été une bonne école. Après avoir animé une tribune téléphonique avec les enfants, plus rien ne peut t'énerver. Non, mais sérieux, tout est arrivé dans cette émission! Des enfants pleuraient, raccrochaient, on vivait pleins d'imprévus en ondes. Ça m'a aidée à développer ma spontanéité.