L'ex journaliste Robert Monastesse, victime d'un attentat au début de la guerre des motards, est mort des suites d'un cancer le deux avril dernier, à l'âge de 62 ans. Monastesse, qui travaillait à l'époque pour l'éphémère hebdo Police Plus et qui a été l'un des premiers journalistes judiciaires à écrire sur la guerre des motards au Québec, se trouvait chez lui le soir du 20 février 1995 lorsqu'un individu a sonné à sa porte et l'a atteint de deux balles dans les cuisses, sous les yeux de sa femme et de sa fille.

«Mon père s'est complètement effacé par la suite, pour des raisons de protection de sa famille. Depuis les 15 dernières années, c'était devenu très difficile pour lui physiquement. Il a subi une importante opération au dos. C'était pénible au niveau de la qualité de vie et de la gestion de la douleur», décrit son fils Alexandre.

«Robert était un ami. Sa mort est un choc. Il était l'une des 29 innocentes victimes de la guerre des motards. Cette affaire l'a traumatisé et a eu un impact sur le reste de sa vie», renchérit l'ancien expert de la Sûreté du Québec et aujourd'hui député de Chomedey, Guy Ouellette.

Une cause

Après l'attentat, Robert Monastesse a lutté pour améliorer le sort des victimes d'actes criminels et réformer des tribunaux administratifs. C'est dans ce contexte qu'il avait demandé de l'aide à Jean-Pierre Charbonneau, alors président de l'Assemblée nationale mais surtout, comme lui, ancien journaliste aux affaires criminelles victime d'une tentative de meurtre en pleine salle de rédaction du journal Le Devoir en 1973.

«Robert travaillait comme pigiste dans un hebdo qui n'était pas très connu alors l'attentat dont il a été victime n'a pas eu le même retentissement que ceux commis contre Michel Auger (2000) ou moi. Alors chaque fois que j'en avais l'occasion, je le rappelais. C'est important que les citoyens soient solidaires face aux journalistes victimes d'intimidation. Ce n'est pas seulement une question de liberté d'expression ou de liberté de presse», affirme M. Charbonneau.

Photo compromettante

Une source crédible a confié à La Presse que Robert Monastesse aurait été victime d'un attentat commandité par un membre des Rock Machine qui n'aurait pas apprécié un texte publié dans les jours précédents et accompagné d'une photo fournie par un policier.

Cette hypothèse semble appuyée par le fait que Monastesse a confié au journaliste Jean-Hugues Roy lors d'une entrevue pour la Fédération professionnelle des journalistes qu'il croyait connaître son agresseur, un membre des Dark Circle, commando d'élite des Rock Machine durant la guerre avec les Hells Angels qui a fait plus de 160 morts au Québec entre 1994 et 2002.

Selon certaines informations, le nom de cet agresseur aurait noirci la colonne des morts de la guerre des motards l'année suivante.

Robert Monastesse a aussi travaillé aux défuntes stations de radio CJMS et CKVL, a été recherchiste à l'émission 911 de TVA et pigiste pour La Presse. Il a également oeuvré comme agent communautaire dans un pénitencier.

La dépouille de M. Monastesse sera exposée à la Résidence Laval, rue Cunard à Laval, samedi de 18h00 à 22h00 et dimanche de 9h30 à 12h30. Un hommage suivra dès 12h30 en la salle de célébration de la résidence funéraire. 

Au lieu de fleurs, la famille souhaite que des dons soient envoyés à l'Association Québécoise Plaidoyer-Victimes ou aux CAVAC.

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Pour joindre Daniel Renaud en toute confidentialité, composez le (514) 285-7000, poste 4918, ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.