Le quotidien breton Le Télégramme lance mardi de nouvelles formules papier et internet, en se tournant résolument vers le multimédia, avec la création d'un «pôle audiovisuel», pour faire face à la crise aiguë du secteur.

La création de ce pôle constitue «l'ambition du groupe à l'avenir», a assuré à l'AFP Hubert Coudurier, directeur de l'information du quotidien, mais également administrateur du groupe et président de ses deux télévisions locales Tébéo et TébéSud (ex-Ty Télé).

«L'objectif, c'est de développer ce pôle audiovisuel, ne serait-ce que parce qu'aujourd'hui la publicité se fixe beaucoup plus sur la vidéo que sur le reste», a-t-il expliqué, alors que la diffusion du journal recule depuis quelques années à l'image de l'ensemble de la presse écrite, qu'elle soit nationale, régionale ou magazine.

Il s'agit notamment pour le journal, lancé en 1944 et qui compte quelque 220 journalistes sur un total de plus de 500 salariés, d'augmenter le nombre de vidéos diffusées sur son site (letelegramme.fr), actuellement de l'ordre d'une dizaine par jour.

Le site - «pivot de l'information» avec 200 000 visiteurs par jour, selon M. Coudurier - a par ailleurs été complètement revu afin de s'adapter aux différents supports de lecture (ordinateur, tablette, téléphone multifonction...), tout en se personnalisant en fonction des préférences des lecteurs.

Il permettra également une plus grande interactivité et une intégration plus importante des réseaux sociaux.

Du coup, son modèle économique a été modifié, passant d'une zone gratuite et une autre de contenus payants à un modèle où les internautes pourront consulter gratuitement chaque mois jusqu'à six articles, avant que la consultation ne devienne payante, un système appelé «paywall» et déjà adopté par le Financial Times et le New York Times ou Les Échos en France.

Coté papier, la maquette est «plus aérée, plus élégante, plus en couleur et avec davantage d'infographies», a expliqué M. Coudurier. Ainsi, par exemple, sur un total de 19 éditions, huit seront intégralement en couleurs, alors qu'il n'y en avait aucune jusqu'à présent.

Le quotidien proposera en outre davantage d'enquêtes, de reportages, d'analyses et d'éditoriaux, tout en gardant son prix inchangé à 90 centimes d'euros (1,35 $) en semaine et 1,10 euro (1,70 $) le dimanche.

L'ensemble de ces évolutions a été réalisé grâce à un investissement de cinq millions d'euros, dont quatre pour l'amélioration des rotatives du quotidien basé à Morlaix, a indiqué Marcel Quiviger, rédacteur en chef du journal, soulignant que c'était la première fois que les versions papier et internet étaient modifiées en même temps.

«On investit encore lourdement sur le papier pour essayer de freiner son érosion et de rester le plus longtemps possible avec un papier de qualité», a souligné celui qui deviendra à compter du 1er février directeur de la rédaction, après l'annonce la semaine dernière de son remplacement par Samuel Petit, chef de projet des nouvelles formules.

Chute des ventes et des recettes publicitaires, déficits généralisés, plans de départs, cessions en rafales: la presse écrite française décline sans parvenir à redresser la barre via ses investissements dans le numérique.

La diffusion du Télégramme, dans le Finistère, les Côtes d'Armor et le Morbihan, était en 2013 de 207 037 exemplaires par jour, contre 208 154 en 2012 et 211 167 en 2011.

Cependant, le quotidien, passé du 16e au 6e rang de la PQR en quinze ans, souffre moins que l'ensemble des journaux papier «grand public» dont la diffusion a reculé de 3,76% entre 2012 et 2011, selon l'OJD, l'association pour le contrôle de la diffusion des médias. Sur la même période, Le Télégramme n'a ainsi reculé que de 1,43%.

«Le Télégramme est un peu une exception au sein de la presse régionale grâce notamment à un fort ancrage local», analyse Jean-Marie Charon, sociologue spécialisé dans l'étude des médias, interrogé par l'AFP. Le spécialiste des médias a souligné en outre la concurrence «extrêmement favorable et positive» entre le quotidien et son rival Ouest-France.