Un an à peine après son passage au tout-numérique, le magazine américain Newsweek a annoncé le prochain lancement d'une nouvelle édition papier, avec laquelle ses nouveaux propriétaires espèrent viser en premier lieu un public d'abonnés.

Il y a un an quasiment jour pour jour, fin décembre 2012, Newsweek lançait pourtant un adieu sans équivoque à sa version imprimée en affichant en une de son dernier numéro de l'année un «hashtag» suivi des trois mots «dernier numéro papier», symbole de son basculement à une version entièrement numérique.

Mais depuis, le magazine, lancé en 1933, a changé de propriétaire. Et le groupe de médias en ligne IBT Media, qui a acquis la marque Newsweek en août, entend finalement relancer une édition papier hebdomadaire, comme l'a relayé dans un premier temps le New York Times, citant l'actuel rédacteur en chef du journal.

Le projet prendrait la forme d'un hebdomadaire de 64 pages, dont le retour aurait lieu début 2014. «Ça fait partie du plan pour l'année prochaine», confirme à l'AFP Étienne Uzac, patron et cofondateur d'IBT Media. Dans les faits, Newsweek, via des accords de franchise, est encore imprimé dans certains pays, mais c'est bien son grand retour dans les kiosques américains qu'entend orchestrer Étienne Uzac.

«Du côté éditorial, notre équipe guidée par Jim Impoco produit chaque semaine un magazine en ligne, l'e-magazine de Newsweek», poursuit-il, précisant que la rédaction de Newsweek comptait aujourd'hui une vingtaine d'employés, mais qu'elle continuait à s'étoffer: «Le produit imprimé dont on parle, c'est en fait la version papier de ce qu'on produit en ce moment-même sur les plateformes électroniques».



«Un prix à payer»


L'objectif est d'atteindre «très vite» une diffusion de 100 000 exemplaires payés, en kiosques, mais surtout via les abonnements, ajoute-t-il. «Notre point de vue à IBT Media, c'est que l'imprimé, le papier, est la partie «premium» des plateformes d'utilisation. Le site web, les plateformes électroniques, c'est moins cher à produire qu'un imprimé. Quand (Jim Impoco) parle de «produit haut de gamme», il parle surtout du fait qu'il va y avoir un certain prix à payer chaque semaine si vous voulez recevoir le magazine», explique encore le Français.

Un tel plan ne va toutefois pas sans soulever quelques questions. «Il ne semble pas prendre en compte la perte d'influence du titre au cours des 10 à 15 dernières années», relativise ainsi auprès de l'AFP l'analyste Rebecca Lieb, d'Altimeter Group.

«Newsweek représente toujours quelque chose pour beaucoup de gens, ils ont une chance de réussir», juge toutefois Ken Paulson, ancien rédacteur en chef du USA Today, aujourd'hui professeur à la Middle Tennessee State University. «Mais les attentes de tout le monde doivent être revues à la baisse: ce ne sera pas l'ancien Newsweek, il aura une diffusion et une audience moins importantes».

Le retour de Newsweek à l'édition imprimée est un nouvel épisode dans les cinq dernières années agitées du titre, qui a été fondé en 1933 par un ancien journaliste du Time.

Au début des années 1990, l'hebdomadaire était édité dans le monde entier et comptait 3,3 millions de lecteurs. Mais les ventes avaient décliné constamment pendant les deux décennies suivantes, pour finir à 1,5 million de lecteurs en 2010.

Fusionné en 2010 avec le site d'information The Daily Beast, après avoir été vendu la même année pour un dollar par le Washington Post au milliardaire californien Sidney Harman, il fut ensuite revendu à un conglomérat d'internet, IAC.

C'est IAC qui, à son tour, cède le magazine à IBT Media en août dernier, pour un montant non divulgué. IBT Media, fondé en 2006, détient des sites comme International Business Times, Medical Daily, Latin Times ou iDigitalTimes, pour lesquels il revendique au total plus de 30 millions de visiteurs par mois.