La semaine dernière, les organisateurs du World Press Photo ont annoncé qu'ils prolongeaient les heures d'ouverture de l'exposition jusqu'à minuit les jeudis, vendredis et samedis afin de permettre à plus de gens de la visiter. Cette sélection des meilleures oeuvres de photojournalisme est présentée au Marché Bonsecours jusqu'à dimanche prochain. On n'a pas encore les statistiques d'achalandage, mais on parle déjà d'un record d'assistance pour les groupes scolaires. Vendredi matin dernier, ils étaient au moins trois groupes d'élèves accompagnés de leur enseignant à se presser devant les tableaux dépeignant l'horreur de la guerre, de la prostitution, de la torture et de la pauvreté. La tête penchée sur leurs carnets de notes, ils buvaient les paroles de leur professeur qui tentait de mettre toute cette horreur en perspective.

Qu'est-ce qui explique le succès du World Press Photo? Et du photojournalisme en général? Car le World Press Photo n'est pas la seule exposition de photographie qui cartonne. L'an dernier, le festival de photo Visa pour l'image de Perpignan a attiré plus de 200 000 visiteurs, et sans doute tout autant cette année.

Il y a donc un réel regain d'intérêt pour le photojournalisme. Entre autres grâce à la multiplication des téléphones intelligents et des tablettes numériques qui mettent si bien le travail des photographes en valeur. Sur une tablette comme le iPad, les images sont sublimées et l'expérience est nettement supérieure à la version papier.

Il y a aussi la lenteur que permet la photographie dans un monde où nous sommes bombardés d'images.

Devant une photo, contrairement aux images qui défilent en boucle aux bulletins d'information de fin de soirée ou sur YouTube, on est forcé de s'arrêter, de regarder, d'étudier les traits des protagonistes, d'admirer la lumière, de s'imprégner de l'atmosphère. La photo force aussi à la réflexion. On comprend les enseignants d'y emmener leurs élèves même si ces photos-chocs les exposent à des réalités très dures. N'est-ce pas la meilleure façon d'amorcer une discussion, d'introduire les jeunes à l'actualité, à la réalité froide et crue qu'il est si facile d'ignorer quand on vit bien au chaud en Occident?

Nairobi en direct

La photo gagnante du World Press Photo est signée Paul Hansen, un photographe suédois, qui nous montre le résultat d'une offensive militaire d'Israël contre Gaza. «Elle s'adresse à la tête, au coeur et à l'estomac, combinant ainsi tous les éléments d'un photojournalisme efficace», écrit le président du jury, Santiago Lyon (rappelons qu'une controverse a éclaté autour de cette photo qu'on a soupçonnée d'avoir été retouchée. Des examens approfondis ont finalement conclu que ce n'était pas le cas).

C'est aussi la tête, le coeur et l'estomac qui sont touchés lorsqu'on regarde les terribles photos prises ce week-end dans un centre commercial de Nairobi par un photographe du New York Times qui a été témoin du terrible attentat terroriste qui a fait des dizaines de morts.

On peut y voir une enfant courir pour se mettre à l'abri des balles, la peur sur les visages, une mère qui tente de cacher ses deux enfants, le sol taché de sang... Parions qu'une de ces photos se retrouvera probablement dans la sélection de World Press Photo l'an prochain.

Pour en savoir plus sur le World Press Photo: worldpressphotomontreal.ca

ON AIME

Derek, la nouvelle série écrite, réalisée et interprétée par Ricky Gervais diffusée sur Netflix. Derek est un homme attachant et simple d'esprit totalement dévoué aux résidants du centre pour personnes âgées où il travaille. À mille lieues de son personnage d'animateur baveux à la cérémonie des Golden Globes, Gervais y est tout à fait surprenant.

ON NOTE

La firme Nielsen, qui compile les cotes d'écoute aux États-Unis, devrait annoncer cette semaine qu'elle tiendra désormais compte des visionnements sur appareils mobiles. Selon le New York Times, dès 2014, on évaluera le nombre de personnes qui regardent une émission sur leur téléphone intelligent ou leur tablette numérique. Les producteurs télé auront donc un portrait beaucoup plus juste de la popularité de leurs émissions.