Le Chicago Sun-Times a licencié jeudi l'ensemble de ses photographes --près de 30--, a annoncé le groupe, mettant en avant la nécessité de «restructurer la manière dont (il) gère sur (son) réseau le multimédia, y compris la photographie».

Le groupe demandera à ses journalistes de prendre des photos et de réaliser des vidéos pour accompagner leurs articles. Il prévoit aussi de faire appel à des photographes indépendants pour couvrir des événements importants, a précisé à l'AFP une source proche du dossier.

En tout, 28 photographes du quotidien et d'autres journaux locaux du groupe ont été convoqués jeudi matin à une réunion au cours de laquelle la direction leur a annoncé qu'ils allaient perdre leur emploi, a ajouté cette source.

«Le Chicago Sun-Times continue à évoluer avec des clients aux importantes compétences en matière numérique, et en conséquence, nous devons restructurer la manière dont nous gérons sur notre réseau le multimédia, y compris la photographie», a expliqué le groupe dans un communiqué.

«Le secteur dans lequel évolue le Chicago Sun-Times change rapidement et notre public est constamment à la recherche de plus de vidéos accompagnant leurs informations. Nous avons fait de grands progrès pour satisfaire cette demande et nous allons nous concentrer pour enrichir nos reportages avec des vidéos et d'autres éléments multimédias», a-t-il encore souligné.

Le syndicat représentant les journalistes du Sun-Times a réagi jeudi soir en se disant «abasourdi» et «consterné» qu'un journal puisse véritablement estimer que ses photographes sont «facilement remplaçables».

«C'est offensant et c'est faux à plus d'un niveau», a dénoncé Bernie Lunzer, président du syndicat Newspaper Guild-CWA. «J'ai appris à maintes reprises que l'oeil d'un photographe professionnel peut voir et exprimer des choses dont je suis personnellement incapable», a-t-il défendu dans un communiqué.

Le lauréat du prestigieux prix Pulitzer John White, une légende de Chicago approchant l'âge de la retraite, est l'un de ceux qui ont perdu leur emploi.

Le photographe Thomas Delany a posté des photos sur sa page Facebook de certains de ses collègues choqués de la décision et se serrant dans les bras les uns les autres, rendant hommage, en légende, aux «personnes formidables» avec qui il a travaillé au Chicago Sun-Times.

«J'ai survécu à 16 plans sociaux et désormais je n'ai plus à avoir peur de perdre mon emploi», a pour sa part lancé, amer, Matt Marton au Chicago Business Magazine.