Il n'y a pas si longtemps, lorsqu'on parlait du collectif Anonymous - ce regroupement international et décentralisé de pirates informatiques (hackers) -, c'était en lien avec des histoires de sécurité internationale: Anonymous avait forcé le système de sécurité du gouvernement israélien, de la Corée du Nord ou du Vatican en guise de protestation. Le genre d'histoires qui fait jubiler les mouvements anticapitalistes, anti-establishment et les cercles anarchiques, mais qui laisse plutôt de glace la population en général.

Connu depuis 2008 avec son opération Chanology - une série d'attaques informatiques contre l'Église de scientologie -, Anonymous est devenu de plus en plus médiatisé au fil des ans, jusqu'à figurer dans la prestigieuse liste des personnes les plus influentes du magazine Time l'an dernier, aux côtés de Hillary Clinton et Kim Jong-un.

On ne connaît pas les membres d'Anonymous. Ils ne s'identifient jamais publiquement, sont éparpillés aux quatre coins du globe et se contentent de dire qu'ils revendiquent une certaine liberté de parole et de pensée. C'est pour cette raison qu'ils utilisent le masque de Guy Fawkes - un personnage associé à la défense des libertés - pour s'identifier visuellement. Le problème, c'est qu'il est à peu près impossible de confirmer qu'il s'agit bien d'eux. Résultat: n'importe qui peut revendiquer un coup d'éclat au nom d'Anonymous.

Cela dit, depuis quelques mois, le collectif est en train de se bâtir un véritable capital de sympathie auprès de la population en général grâce à son implication dans deux cas assez révoltants de viol collectif qui ont choqué l'opinion publique.

Le premier cas est la triste histoire de cette jeune fille qui a été violée par deux joueurs de l'équipe de football de sa région. L'enquête policière traînait et, comme c'est souvent le cas dans les histoires de viol, c'est la victime qui était blâmée et non les coupables, deux jeunes espoirs sportifs de leur communauté.

Or, Anonymous a contribué positivement à l'enquête policière, publiant des informations trouvées sur le web (c'est leur force), retraçant des images et des aveux incriminants dans les réseaux sociaux et affichant le tout sur un site web créé pour l'occasion.

La démarche d'Anonymous a causé un tel émoi que les notables de Steubenville ont riposté en créant leur propre page web pour démentir certains faits. Au final, les deux jeunes hommes ont été condamnés, et nombreux sont ceux qui estiment qu'Anonymous a joué un rôle déterminant dans toute cette affaire.

Plus près de chez nous, Anonymous s'est également impliqué dans la triste histoire de la jeune Rehtaeh Parson, qui s'est suicidée la semaine dernière. L'adolescente de 17 ans, victime d'un viol collectif, était harcelée depuis deux ans. Faute de preuve, aucune accusation n'avait été portée. Anonymous a décidé de mener sa propre enquête, retraçant les présumés coupables et certains aveux, encore une fois sur le web et dans les réseaux sociaux (ils utilisaient le mot-clic #OpJustice4Rehtaeh sur Twitter pour informer les gens du déroulement de leurs recherches). Résultat: la Gendarmerie royale du Canada a décidé d'enquêter à nouveau sur ce cas.

Anonymous serait-il devenu le nouveau Robin des bois? Le collectif est-il en campagne de relations publiques pour changer son image? Leur slogan «Attendez-nous» («Expect us») laisse croire qu'ils ont l'intention de poursuivre dans cette voie. Ses membres se défendent bien de jouer aux vigilants - ils refusent de dévoiler l'identité des coupables, qu'ils acheminent plutôt à la police -, mais reste que leur présence dans une petite communauté tissée serré sème la panique et fait craindre à certains qu'on en arrive à une situation tout droit sortie du Far West, où tout le monde dénonce tout le monde et se fait justice soi-même, avec les dérapages que cela comporte.

#Onaime

Rachel Sterne, la jeune responsable du numérique pour la Ville de New York, sera de passage à Montréal mercredi midi pour donner une conférence au musée Redpath. Pour plus d'information: https://ocpm.qc.ca/rachelsterne

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Le faux compte Twitter @_BostonMarathon créé en l'espace de 15 minutes après l'explosion des deux bombes, supposément pour amasser des fonds pour les victimes. Dans de telles circonstances, vaut toujours mieux faire confiance à des institutions reconnues.