À l’occasion de la journée « J’achète un livre québécois », qui a lieu ce samedi, La Presse a sélectionné trois ouvrages fraîchement imprimés à dévorer sans hésiter.

YUL-Saturne

Si vous aimez la poésie contemporaine en vers libres et que vous souhaitez faire un voyage astral haletant au-dessus de Montréal, le recueil de Dolce Saint-Arnold est pour vous. Paru le 9 août aux éditions de la maison en feu, ce premier effort de l’autrice révèle une plume « franglaise » irrévérencieuse et rafraîchissante. Au fil des pannes, des bris mécaniques et des détours se dessine un vol Montréal-Saturne riche en réflexions sur l’aliénation, la conscience de soi et la vie en ville.

En un extrait

« m’étendre sur la poussière les déchets des chantiers de
construction qui te gentrifient alors qu’en vrai on ne rêvait jamais de toutes ces unwanted revitalisations on aimait les
anciens toits le long des trottoirs qui changeaient
de couleur à chaque intersection »

YUL-Saturne

YUL-Saturne

Les éditions de la maison en feu

136 pages

La pesée du cœur

Un récit riche, des personnages complexes et une écriture parfaitement névralgique, c’est ce qui fait la force de ce roman de Catherine Harton, publié chez Marchand de feuilles le 7 août. C’est une véritable expédition intérieure pour les protagonistes Marianne et Alice, qui traversent chacune à leur façon le deuil de leur sœur Nathalie. L’histoire bouleversante de ces trois sœurs, racontée de manière presque impressionniste, nous mène tant au cœur d’un groupe d’aide pour personnes souffrant d’anxiété que dans les mémoires manuscrites d’une mystérieuse jeune femme ayant vécu dans les années 1940.

En un extrait

« Dans mes découvertes funestes d’enfant sur la mythologie égyptienne : le cœur se déplace dans le corps lorsque l’être est déréglé, que son âme se pulvérise. C’est ce que je comprends dans ce groupe, l’âme parfois se pulvérise, comme s’est pulvérisé le corps de ma sœur. »

La pesée du cœur

La pesée du cœur

Marchand de feuilles

304 pages

Sa belle mort

Le deuxième roman de Sarah Desrosiers, qui avait offert l’excellent Bon chien en 2018, permet de découvrir un nouveau pan de son talent. Sa belle mort révèle une écriture beaucoup plus épurée, à la frontière du dépouillement. Et ça sert magnifiquement le récit dont il est question, la rencontre entre une petite fille et sa grand-mère, alors que cette dernière vient d’évoquer l’idée d’avoir recours à l’aide médicale à mourir. Une fine observation des liens qui se tissent entre les membres d’une même famille, qui nous mène à philosopher sur le passage du temps, la mort et la mémoire.

En un extrait

« Il y avait belle lurette que ma grand-mère ne me faisait plus de crêpes soufflées. Elle ne prenait plus sa marche de bonne heure le matin. Elle ne jouait plus au Scrabble. Elle ne recevait plus la famille à Noël. […] Les deuils étaient déjà passés sans qu’on ne s’en rende compte. Elle, moi, tout le monde. »

Sa belle mort

Sa belle mort

Hamac

320 pages